vendredi 25 décembre 2009

Petite zoologie de la crèche

Prions avec les animaux de la crêche
J+M


Jour de Noël
Une visite à la crèche s'impose aujourd'hui, mais le chemin est long et rempli d'obstacles. Nous avons eu du mal à comprendre que le Seigneur voulait naître dans une étable aussi vétuste et froide, et une fois que ceci fut admis, la plupart d'entre nous ont refusé d'accepter que cette étable puisse figurer nos cœurs sordides, crottés et glacés.
Enfin nous avons pu nous approcher de ce lieu béni, il a fallu pour cela éviter de denses agglomérations d'affreux pantins rougeâtres, des montagnes de victuailles, des amoncellements hétéroclites d'objets à offrir divers. Et il est bien tard. Comme dans le cantique traditionnel, le saint couple seul veille sur l'Enfant qui sommeille. Soirée d'hiver. La bise est tombée juste après la messe de minuit ; le froid est vif. Quelques menus éclats de lumière d'ange sont accrochés encore aux buissons environnants. Hélas les anges sont déjà repartis, les bergers aussi. Tout le monde nous a précédés pour adorer esprits bienheureux et hommes, il ne reste avec Joseph et Marie que les animaux de la crèche. Or, est- ce parce qu'en cette sainte nuit la Création est devenue plus transparente aux projets du Créateur ? les animaux prêchent eux aussi.
Qui sont-ils ? Un inventaire rapide permet de trouver à la crèche un bœuf, un âne, des moutons (peut -être offerts par les bergers venus partis tout à l'heure), un groupe de petites chauves-souris sous les poutres de l'étable et un lézard en train d'hiberner.
Ils sont très près de l'enfant Dieu et leur attitude sanctifiée par Son haleine sainte délivre un message au peuple de fidèles venus adorer.

Voici ce que dit le bœuf, cette montagne de force et de mansuétude qui a l'incroyable privilège, sans cesser de ruminer, de pouvoir réchauffer le Seigneur de son souffle. Il nous invite à en faire autant ! A Le réchauffer lorsqu'Il a froid, sans interrompre le cours de nos terrestres besognes ! Le bœuf est cette nuit devenu un spécialiste de la prière du cœur, de la philocalie, il pose aux croyants un aimable défi : nous laisserons nous vaincre en dévotion par une bête de somme ou accepterons nous de souffler avec douceur des mots d'amour à Celui qui vient habiter l'étable de nos âmes et tenter de la diviniser?

L'âne - peut être celui qui a porté Marie depuis Nazareth – est avec le berceau de la crèche le seul trône connu du Fils de Dieu, avant celui de la croix qui sera le dernier où Jésus sera glorifié sur cette terre. Son message est toujours le même ; à Bethleem ou à Jérusalem le dimanche des Rameaux : Je porte le Seigneur infatigablement.
Serons-nous assez humbles et assez résistants pour porter Celui qui nous porte, tout particulièrement pour conduire Jésus vers les autres, ceux qui ne le connaissent pas ?

Les moutons sont l'offrande des plus pauvres c'est à dire des bergers. Obéissants et humbles ; ils donnent laine, lait et même leur vie pour leurs maîtres ; à telle enseigne qu'ils sont devenus les victimes par excellence. Jésus lui-même sera désigné aux disciples par St Jean Baptise comme l'Agneau de Dieu. (Jean 1;36).
Obéissants ; ils font tout avec confiance. Leur leçon est exemplaire ; elle nous rappelle que Jésus est aussi notre berger, qui nous fera paître les vertes prairies de l'Eternité sous sa houlette aimable si nous acceptons d'obéir.

Les petites chauves-souris hibernaient benoîtement dans cette étable abandonnée lorsque la naissance merveilleuse de Jésus les a tirées de l’engourdissement. Elles ont eu le privilège de Le contempler avant les oiseaux, d'être les premiers témoins de la grande lumière donnée au peuple qui marchait dans les ténèbres. Leurs habitudes ont été bousculées par Jésus, mais elles ne s’en sont pas émues et ont eu la récompense immédiate de pouvoir aider la nuit à faire à la nuit le récit des prodiges du Seigneur (Psaume 19; 2) .
Elles nous enseignent à leur manière l'abandon à la Providence, qui permet de voir au quotidien la gloire de Dieu dans les endroits et les moments les plus inattendus ; il est avéré que depuis cette date les chauves-souris chantent toutes les nuits en langage ultrasonore à notre intention : "Je te dis que si tu crois tu verras la Gloire de Dieu" (Jean 11; 40) mais je ne suis pas bien sûr que leur message soit toujours bien reçu.

Enfin, le lézard, autre hibernant de cette nuit d'hiver nous enseigne en silence mais avec éloquence à resplendir pour le Seigneur. Le petit reptile était endormi, insignifiant, son sang froid battant à une pulsation par minute. Dieu survint, et l'animal baignant alors dans la lumière incréée s'est mis à La réfléchir si bien qu'il s'est paré d'une intense beauté. Si beau que nul palais au monde n'a jamais eu, et n'aura jamais un tel ornement. Ni l'or le plus fin, ni le jaspe le plus pur jamais ne réfléchiront la lumière comme le fit l'humble lézardeau de la crèche pendant la nuit de Noël.
Il nous informe de l'attitude à avoir lorsque Dieu s'approche (et tout particulièrement dans la communion). Pour le lézard les choses sont claires : si un reptile exposé à la Lumière se charge de tant de beauté, nous qui L'accueillons dans notre corps avons forcément (je cite l'animal de Palestine) l'obligation de resplendir de façon visible après avoir reçu la Lumière née de la Lumière.

Les armes du combat :

Avec le bœuf
Exemple de prière du coeur
Seigneur Jésus, Fils de David prends pitié de moi pécheur

Avec l'âne
Zacharie 9.9 :
” Tressaille d'allégresse, fille de Sion ! Pousse des acclamations, fille de Jérusalem ! Voici que ton roi s'avance vers toi ; il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne - sur un ânon tout jeune. 9:10 Il supprimera d'Éphraïm le char de guerre et de Jérusalem, le char de combat. Il brisera l'arc de guerre et il proclamera la paix pour les nations. Sa domination s'étendra d'une mer à l'autre et du Fleuve jusqu'aux extrémités du pays.”

Avec les moutons :
Psaume 23
Le seigneur est mon Berger, je ne manque de rien

Avec les chauves -souris :
Jean 11; 40
Je te dis que si tu crois tu verras la Gloire de Dieu

Avec le lézard :
Isaïe 60, 1 - 6
Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s'est levée sur toi.
Regarde : l'obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi
.


samedi 12 décembre 2009

Notre Dame de Guadalupe

Visage de Notre Dame de Guadalupe 
Basilique de ND de Guadalupe, Mexique
J-+M


Comment ne pas rompre une lance le jour de sa fête en l’honneur de la Toute Belle Vierge de Guadalupe, qui se présente à l’humanité - le jeune indien Nahuatl Juan Diego - comme mère de Tloquenahuaque, Mère du Dieu Tout Puissant et Unique en 1531 ?
Comment ne pas fléchir le genou devant la Toute Sainte qui apparaît sous les traits d’une métisse et imprime son visage sur la trame d’une tilma indigène ?
Métisse… dès lors que toutes les races nées d’Eve se fondent en la Nouvelle Eve, Epouse et Mère de Dieu.
Comment ne pas verser une larme devant cette femme qui porte un enfant divin et répète à l’indien qui l’implore : Ecoute moi et comprends bien, mon tout petit enfant, rien ne doit t’effrayer ou te peiner. Que ton cœur ne soit pas troublé. N’aies pas peur [de cette maladie], ni d’aucune autre maladie ou angoisse. Ne suis-je pas là, moi qui suis ta Mère ? N’es-tu pas sous ma protection ?
Comment ne pas être saisi d’une douceur immense à la pensée de la Toute Pure qui porte tous les enfants du monde dans son sein pour les faire naître à la vie divine ?
Et la Mère de Dieu a laissé une image acheiropoïete ("non faite de main d'homme") que depuis 5 siècle le peuple américain vénère au Mexique. Cette image miraculeuse contient de nombreux signes prodigieux, et plus spécialement un clin d’œil que les scientifiques devaient découvrir 5 siècles plus tard grâce aux progrès de la photographie et du microscope : dans le regard de Marie se reflète, à une échelle microscopique, la scène qui La vit remettre au jeune homme un bouquet de roses pour signer le message adressé à l’évêque du lieu.

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Les armes du combat :
Retenir le souffle coupé par l’émotion la phrase que Marie nous adresse à travers saint Jean Diego :
Ne suis-je pas là, moi qui suis ta Mère ? N’es-tu pas sous ma protection ?


Site de Notre Dame de Guadalupe au Mexique (en français)


lundi 7 décembre 2009

Devenir immaculés comme Elle

2. Miquel Bestard (1592-1633) L’Immaculée Conception Dimensions et technique non précisées Palma, église de Monti-sion Photo : Jaume Gual-Sa NostraJ+M


7 décembre
Veille de la fête de l’Immaculée Conception
Il y a des doubles liesses.
Celle de l’Avent (mot "valise" qui enferme les notions d’avant et celle d’avènement). L’attente de Jésus qui se fait désirer dans les cœurs avant de venir, sautant sur les collines que mentionne le Cantique et qui sont nos cœurs encombrés de soucis et de fatras.
Et celle de l’Immaculée Conception.
Dans la grisaille de l’humanité courbée par le poids de la faute originelle, une lumière se fait. C’est Marie, la toute pure et la toute belle, la colombe parfaite du cantique des cantiques

Elle est exempte de faute, c’est énorme, c’est la plus grande nouvelle de tous les temps car c'est la première fois que cela se produit depuis la Chute d'Adam et d'Eve. Rage dans les cohortes infernales qui voient se déchirer le filet si bien ourdi pour entraîner toute l'humanité en enfer !
Heureusement la Colombe en question est au Temple, où elle s’instruit, et grandit dans la connaissance de Dieu et des écritures dans le plus grand secret.
Sa vie est toute donnée. Cette oblation commence tôt. A trois ans à peine la Tradition rapporte que Ste Anne et Saint Joaquim l’emmènent au Temple. Héroïque sacrifice. Les saints parents ne tarderont pas à mourir. Avaient-ils l’intuition du rôle très éminent qui serait celui de leur enfant ? Sans doute non. Nous ne le savons pas de source sûre, mais si l’on songe à la surprise de Marie lors de l’Annonciation, on peut imaginer que le jardin secret de l’Immaculée était bien clos, puisqu’elle même ne savait pas qu’elle serait la mère du Sauveur.

Une fois qu’elle l’a su, elle L’a donné au monde. Dès avant sa naissance à
Elisabeth et Zacharie - Jean Baptiste leur enfant, le Précurseur en sautera de joie-. Elle le donne à sa naissance aux bergers de Bethléem venus L'adorer. Elle ne cessera jamais de le donner, jusqu’à la Croix, et c’est une des raisons qui nous aident à comprendre qu’elle est la Reine de Patriarches, la Reine des Prophètes et la Reine des Martyrs. Elle continue d’enseigner ceux qui lui ouvrent leur cœur avec humilité.

L’Immaculée nous rend immaculés, car son privilège n’est pas exclusif mais contagieux. Marie nous communique la grâce qu’elle a reçue avec la même générosité qui lui fit accepter le sacrifice de son Fils pour le salut du monde. A nous de saisir cette grâce, de nous laisser saisir plutôt par elle, et d’aller avec confiance dans l’intimité d’une Mère qui a tant à enseigner. Nous apprenons d’elle à recevoir Jésus, à Lui faire de nos âmes un abri quand il Lui prend le désir de naître dans la pauvreté (et parfois la saleté) de nos cœurs qui sont dans leur genre aussi des étables où soufflent non seulement un âne et un bœuf, mais bien toute une basse-cour de passions empoulaillées.
Si nous n’avons pas la moindre idée de ce qu’il faut faire pour aimer Jésus et l’accueillir, Marie le sait et nous l’enseigne. A son contact, par osmose et par imprégnation, nous apprenons à l’imiter, et ce n’est peut-être pas si difficile, il suffit d’avoir le désir de l’aimer. Elle est capable de mener ce désir à son terme et de nous donner un cœur configuré au sien.
Ce qui nous permettra aussi de goûter avec toutes les générations à la joie de proclamer que Marie est bienheureuse ! (Lc, 1 :48) comme nous y invite la Fête du 8 décembre.

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Les armes du Combat :

Psaume 124:7
Notre âme s'est échappée comme l'oiseau du filet des oiseleurs ; Le filet s'est rompu, et nous nous sommes échappés.

Cantique des Cantique 5:2
J'étais endormie, mais mon cœur veillait... C'est la voix de mon bien-aimé, qui frappe : -Ouvre-moi, ma sœur, mon amie, Ma colombe, ma parfaite!

Cantique des Cantique 2:8
C'est la voix de mon bien-aimé ! Le voici, il vient, Sautant sur les montagnes, Bondissant sur les collines.

Luc 1 :47-48
Alors Marie dit : Mon âme magnifie le Seigneur ;
Et mon esprit s'est égayé en Dieu, qui est mon Sauveur.
Car il a regardé la bassesse de sa servante ; voici, certes désormais tous les âges me diront bienheureus
e.

mercredi 25 novembre 2009

Un splendide anachronisme



J+M
Pietro di Cristoforo Vannucci (Il Perugino)

La Vierge et l'enfant Jésus avec Sainte Catherine d'Alexandrie et Saint Jean Baptiste

Date : vers 1500
Taille : 63 cm x 81 cm
Achat par Louis XVIII (1821)


Cliquer sur l'image pour la voir plus grande.



Aujourd’hui 25 novembre c’est la fête de sainte Catherine d’Alexandrie, noble vierge qui préféra la martyre à la profanation.
En l’honneur de l’illustre égyptienne je vous propose de regarder un tableau du Pérugin exposé au Louvre qui la représente en compagnie de Saint Jean Baptiste et de la Vierge avec l’Enfant Jésus.
Faisons-le poussés par un souci cathartique au sens noble, celui qui permet de trouver du repos dans la contemplation des œuvres d’art face aux agressions de la laideur, de la vulgarité et de la pornographie qui tapissent joyeusement le monde. Voilà qui restitue le sens premier des représentations religieuses, qui est bien de favoriser le recueillement. Ainsi le regard devient porteur de prière et autorise le bel élan de la “prière hypostatique”, quête d’union qui cherche et, par grâce, finit par trouver, au plus intime de nos âmes, la plénitude de l’humanité telle qu’elle fut voulue par Dieu.

La composition de ce tableau donne un relief particulier- et c’est justice- à l’Enfant divin, complètement nu à la différence des adultes qui sont richement parés d’atours. Cette nudité est toute biblique, elle exprime le dépouillement de celui qui s’est appauvri de sa divinité pour nous en enrichir.
Elle illustre l’ineffable mystère de l’Incarnation et rive leur clou aux nestoriens qui traîneraient encore au fond des âmes et s’aventureraient à nier la double nature de Jésus-Christ, vrai Dieu vrai homme.
L’enfant est nu, il bénit. Complètement vulnérable, jusqu'à à en périr sur la Croix, Jésus se présente d’emblée dans cette huile comme innocent et magnanime, même si un détail nous interroge : pourquoi ne regarde-il pas dans notre direction ? Nous y reviendrons, car il est patent que cette énigme a une visée pédagogique.
Au deuxième plan, une deuxième énigme se présente, autour d’un splendide anachronisme ; Jean Baptiste, même s’il est son Précurseur est le contemporain de Jésus. Sa mère Ste Elisabeth l'attendait tandis que Marie attendait Jésus.
Or il y a ici une différence d’âge délibérée qui ne peut pas passer inaperçue et dont le but est bien évidement de faire réfléchir aux choses saintes.
Faisons le pari que le Pérugin a donné des pistes de réponse dans son œuvre même et continuons notre découverte priante de cette toile dont 5 siècles nous séparent mais qui est toujours habitée par un souffle extraordinaire. Souffle qui très certainement est redevable du traitement de la lumière qui semble émaner des personnages. Il n’y a pas de doute possible, tant les atours que l’éclairage nous situent dans une perspective céleste, nous sommes face à des habitants des Cieux et non dans la représentation d’une scène terrestre.
Pour ce qui est de la composition Marie est au centre, vêtue de velours vert et de pourpre filigranée d’or qui la désigne comme une reine. Auréolée comme le sont les 4 personnages de cette scène elle présente son Enfant à la vénération.
Derrière elle, au second plan, les deux saints montrent tous les signes extérieurs de la dévotion. Ils expriment une sérénité et une paix qui est dans la perception chrétienne le privilège de ceux qui sont au Ciel. Sainte Catherine, martyre, porte la palme qui lui revient et qui exprime la gloire de son sacrifice. Cette palme est de proportions modestes, à peine plus grande qu’une plume. Ses atours aussi sont modestes, même si l’étoffe en est riche, et le velours noir qui l’habille, s’il met en valeur la beauté de sa chevelure du même blond que celle de la Vierge Marie, n’est pas de la teinte que l’on s’attend à voir en ces contrées. Cette surprise rejoint celle que l’on éprouve en découvrant que l’artiste italien a représenté Sainte Catherine et Marie avec un visage si semblable qu’il est permis de se demander qui est qui, car seuls leurs vêtements permettent de distinguer les deux héroïnes.
Le message qui transparaît dans cette lumière traitée subtilement semblant sourdre des personnages plus que les nimber s’inscrit doucement dans le cœur de celui qui observe le tableau. Il est confirmé par l’expression d’une parenté de plus en plus frappante : Jean Baptiste son parent et sainte Catherine ressemblent à Marie et donc à Jésus qui lui doit ses traits.
C’est ainsi toute une réflexion sur la sainteté qui nous est présentée, et que valide la représentation du Précurseur, lui aussi de pourpre revêtu, en hommage à son martyre et sans doute aussi parcequ’il est considéré comme le plus grand du royaume de cieux, et comme le nouvel Elie (Mat 11, 7-14).


Le regard et les manières de ces habitants des cieux montrent qu’ils sont configurés paisiblement au Christ, Prince de la Paix, qu’ils lui sont devenus si proches qu’ils sont ses semblables, ce qui actualise de saisissante façon l’exclamation du Seigneur que rapporte Luc « qui sont mes frères ; qui est ma mère ? Ce sont ceux qui écoutent ma parole et la mettent en pratique ».

Dans cette perspective, il est clair que ce tableau aux ambitions immenses, quasi théophaniques (Dieu s’y manifeste) veut dire Dieu aux hommes et leur rappeler la noblesse de leur vocation à être saints comme Il est saint. Et pourtant cette sainteté bien entendu se présente tant pour le peintre du début du XVIème siècle que par l’homme du XXIème comme un horizon hors de portée et d’atteinte.
Il faut donc un puissant encouragement pour en prendre le chemin. Cette décision ne peut se faire qu’avec l’aide de Dieu, signifiée ici par la bénédiction que donne l’Enfant, comme immédiate et sans réserve, puisque donnée par une personne peinte de si gracieuse façon qu’elle ne saurait inspirer de crainte.
Et si le pécheur d’aventure craignait d´être mis en présence d’un juge par trop rigoureux, le souvenir de ce tableau lui montrerait que son Dieu ne regarde pas dans la direction de son péché mais dans celle où Il l’attend et qu’il le revêt par avance de riches vêtements pour assister aux noces l’agneau en arrivant au Ciel. C’est lui qui a conquis notre rachat, le peintre le sait. Le génial anachronisme qui fait du Baptiste, contemporain absolu de Jésus un adulte contemplant un enfantelet, (un enfançon comme on disait jadis et comme on dit encore dans les cantiques de Noël) nous montre comment nous avons à considérer nous-même Jésus pour recevoir sa bénédiction, laquelle nous mettra en route vers les choses d’En Haut.
C’est le message du Pérugin, qui n’a pas pris une ride depuis 500 ans et nous concerne tous.
Avec l’aide de nos compagnons de route, de St Jean Baptiste et de Ste Catherine d’Alexandrie approchons nous avec confiance de l’Enfant en cette période qui lui est consacrée et qui est celle du bonheur de l’attente. Elle va s’ouvrir cette semaine, c’est celle de l’Avent.

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Les armes du combat :
2 Cor 8 : 9
Car vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, qui pour vous s'est fait pauvre, de riche qu'il était, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis.

Luc 8. 21
Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique.

Idée solidaire nº 19
Prier avec Sainte Catherine pour les âmes du Purgatoire.
La prière des saints nous fait entrer dans l’immense solidarité de la communion des saints. Nous pouvons – et devons- y puiser à pleines mains.

mardi 24 novembre 2009

Chercher Ton visage

le visage du Christ. Icône.Roumanie.


Chercher Ton visage
inlassablement
au fond de nos propres cœurs.
Là où il est profondément enfoui,
Te chercher.

Que trouverons-nous dans cette quête
si ce n’est des rictus, des caricatures,
rien qui n’évoque Ta beauté ?

Que trouverons nous en Te cherchant ?
Peut-être au fond de nous le souvenir
de ta voix qui nous a convoqués hors du néant au début de notre
histoire personnelle.

Mais en Te cherchant nous avons la certitude
car Tu es en nous, plus intime et fidèle que nous-mêmes.

Ton visage est celui que contempla Véronique
Poussière et sang, sueur et larmes.
Il nous dessine : c’est nous que nous voyons ;
en voyant Ta souffrance, nous savons ce que nous sommes.

Idée solidaire n°18 :

Embellir le visage du Christ grâce aux âmes du Purgatoire.
Les âmes sont la Gloire du Sauveur. Toute âme sauvée est un joyau qui
resplendit sur sa couronne.
"Ah! Voici comment je serai la providence du bon Dieu: Il aime tant les
âmes du Purgatoire et il ne peut les délivrer à cause de sa justice!
Eh bien! Moi, je lui donnerai ces âmes qu'Il aime et je demanderai à
tout le monde de Lui en donner par des prières et par de petits
sacrifices".
Sœur Marie de la Providence à l'âge de 12 ans

jeudi 19 novembre 2009

Un oiseau mazouté



C’était je crois un Guillemot de Troïl. Un oiseau de mer d’ordinaire farouche aperçu de loin et surtout connu par les planches des livres qui tapissaient ma chambre quand j’avais 20 ans et que la passion de l’ornithologie m’habitait. Mais là il était bien vivant, incongru dans cet enchevêtrement de planches et de cordes rejetées avec la laisse de la nuit. Son aspect était pathétique et mouillé. Oui mouillé, ce qui est tout de même étonnant chez ces oiseaux qui toujours hantent l’eau mais en sont protégés par une combinaison étanche faite de plumes et de secrétions grasses dont ils s’enduisent abondamment. Il y avait dans son apparence un je ne sais quoi d’indifférent à l’homme qui m’alerta. Je m’en approchai il ne s’envola pas : il était mazouté et ne pouvait plus bouger.
Je le pris dans mes mains, m’étonnai de sa légèreté et partis un peu tremblant en quête d’un centre de secours pour oiseaux, ce qui n’est pas chose aisée. L’animal avait était complètement frigorifié, il semblait avoir jeûné au-delà de ses forces et sa maigreur avait quelque chose d’improbable.
Le mazout avait fait de son plumage une masse compacte et répugnante.
Visqueuses et froides, comme une sorte de feutre imbibé d’huile ses plumes le minéralisaient, lui faisaient perdre sa qualité d’animal à sang chaud. Elles étaient devenues ses pires ennemies, il aurait fallu les arracher pour rendre à sa chair un aspect vivant.
Bien sûr aucun centre n’en voulait, après la récente marée noire les capacités d’intervention s’étaient épuisées. Je tentais de le tirer d’affaire tout seul et le mis sous la douche avec du liquide vaisselle plein les plumes. Rien n’y fait, il fallait de toute évidence pour le débarrasser de cette pollution un solvant bien plus efficace que celui que j’avais à la maison.
Entouré dans une serviette l’oiseau fut finalement conduit dans un centre dépendant de la faculté des sciences du musée maritime.
Il fut pris en charge par une personne très sympathique qui l’introduisit dans une sorte de lave-vaisselle dont seule sa tête émergeait. Elle m’en expliqua le fonctionnement et la difficulté, j’en fus étonné.
L’effort pour enlever la crasse chimique tombée sur cet oiseau est considérable et sans cette intervention il était absolument impossible que le guillemot s’en sorte.
Je me souviens en ce moment de cette histoire par analogie, bien sûr. Nous avons du mal à comprendre les affaires de la vie spirituelle, et les comparaisons intelligibles sont les bienvenues. L’oiseau représente nos âmes, le mazout c’est le péché (le mien, le tien, celui du monde).
Le purgatoire c’est la machine qui lave et rend à la vie les pauvres âmes mazoutées, qui peuvent alors reprendre leur essor vers l’infini de Dieu, figuré par l’océan. La seul solvant pour enlever les péchés ce n’est ni le liquide vaisselle, ni un vague repentir, c’est le sang du Christ intégralement versé pour chacun d’entre nous.

Les Armes du combat :

He 9 : 14 combien plus le sang de Christ, qui, par un esprit éternel, s'est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il votre conscience des œuvres mortes, afin que vous serviez le Dieu vivant !


Idée solidaire nº 17 :
Offrir à Dieu le sang du Christ pour les âmes du Purgatoire, selon la formule de la sainte d’Helfta (voir le précédent billet) et particulièrement à la messe pendant l’Offertoire.
- La prière de l’ange enseignée à Fátima :

Très Sainte Trinité,
Père, Fils et Saint-Esprit,
je Vous adore profondément
et je Vous offre le très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ
présent dans tous les tabernacles du monde,
en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences
par lesquels il est Lui-même offensé.
Par les mérites infinis de Son Très Saint-Cœur
et du Cœur Immaculé de Marie,
je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs.

lundi 16 novembre 2009

En la fête de Sainte Gertrude d'Helfta



Comme une halte à mi-parcours sur l’étape du mois de novembre, mois des âmes, leurs amis entrent dans la joie de la célébration liturgique de sainte Gertrude fêtée le 16 novembre (on le faisait jadis le 15 ou le 14, peu importe).
Sainte Gertrude est allemande, c’est une bénédictine du moyen Age (deuxième partie du 13ème siècle) qui nous est incroyablement proche, comme le sont tous ceux qui sont dans le cercle intime de Dieu quand on le cherche de toutes ses forces.
Sa vie et son œuvre "Le Héraut de l’Amour divin" sont longuement expliquées dans de belles et nobles et hagiographies, je n’ai rien à ajouter, si ce n’est le témoignage de la forte impression que m’a produite sa pensée, claire et forte.
Sa vie mystique, sa relation quasi permanente avec le Seigneur nous valent des pages précieuses d’un enseignement lyrique, mais bien documenté, étayé par une connaissance fine des textes patristiques et de la Bible.

Sa vision du purgatoire, qu’elle ne désigne presque pas sous ce vocable, (elle parle de Purification) est extrêmement intéressante car sa perception du Cœur de Jésus le montre désireux de suppléer lui même aux défauts et imperfection des âmes. Cette notion mérite qu’on s’y arrête car elle jette une lumière très bienvenue sur l’importance de nos actions, qui doivent toutes trouver leur source dans l’amour de Dieu. A ce titre, il est bon de se plonger dans ses écrits, dont la saveur surannée peut surprendre, mais dont la beauté cherche - et parvient - à exprimer un reflet de celle de l’amour de Dieu pour nous.

Idées solidaires nº16 :
2 prières pour les âmes avec Sainte Gertrude parmi bien d'autres (elles sont réputées capables de délivrer des multitudes d’âmes à chaque récitation faite avec amour)

1º Prière de sainte Gertrude pour les âmes du purgatoire (on y retrouve l’excellence de la notion de suppléance, qui fait que Dieu offre pour nous l’immensité de ses mérites, et rend efficaces nos demandes).

Très doux Seigneur Jésus, je te prie de bien vouloir exaucer, par les mérites de ta très sainte vie, cette prière que je t’adresse pour les défunts de tous les temps, et spécialement ceux pour qui l’on ne prie jamais.

Je te demande de suppléer à tout ce que ces âmes ont négligé dans l’exercice de tes louanges, de ton amour, de la reconnaissance, de la prière, des vertus et de toutes les autres bonnes œuvres qu’elles auraient pu accomplir et qu’elles n’ont point faites, ou qu’elles ont accomplies avec trop d’imperfection.

Amen.

5 Notre Père - 5 Je vous salue Marie.

2º Prière de sainte Gertrude pour les âmes du purgatoire
Père éternel, je vous offre le Sang très précieux de votre divin Fils Jésus, en union avec les messes célébrées aujourd’hui dans le monde entier, pour toutes les saintes âmes du purgatoire, pour les pécheurs du monde entier et de l’Église universelle, en particulier ceux de ma famille ! Amen !

dimanche 15 novembre 2009

Ton Cœur comme une source

ô Jésus, Fontaine inépuisable de charité, j’ai confiance en Vous
J+M



Dans nos aridités 
Seigneur, Tu te fais Source.
Dans nos douleurs
Tu es douceur immortelle.
Dans nos trahisons
Tu consoles et restaures
La fidélité perdue.

Bien incapable de t’aimer,
Aussitôt qu'avec peine nous avons balbutié
Un vague désir de ta présence
Te voici, tu accours
Tel le plus doux des pères.
Le Roi de gloire se penche
Vers l’humanité qui l’ignore.

A présent vers Toi nos âmes gémissent
Accablées par leur ingratitude
Et tu nous offres à nouveau ton Cœur
Comme une source
Pour irriguer le désert
Qu’ont été nos vies, nous qui avons adoré
Tous les faux dieux, tous les veaux d’or
Et qui voudrions tout de suite ton Ciel en rétribution.


Les armes du combat :

Jean 2 20-21

Les Juifs dirent : Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce temple, et toi, en trois jours tu le relèveras! Mais il parlait du temple de son corps.

Jean 19 : 34

mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il sortit du sang et de l'eau.

Ezéchiel 47 : 1-2

Il me ramena vers la porte de la maison. Et voici, de l'eau sortait sous le seuil de la maison, à l'orient, car la face de la maison était à l'orient; l'eau descendait sous le côté droit de la maison, au midi de l'autel. 2 Il me conduisit par le chemin de la porte septentrionale, et il me fit faire le tour par dehors jusqu'à l'extérieur de la porte orientale. Et voici, l'eau coulait du côté droit.

Ezéchiel 47 : 12

Sur le torrent, sur ses bords de chaque côté, croîtront toutes sortes d'arbres fruitiers. Leur feuillage ne se flétrira point, et leurs fruits n'auront point de fin, ils mûriront tous les mois, parce que les eaux sortiront du sanctuaire. Leurs fruits serviront de nourriture, et leurs feuilles de remède

Idée solidaire nº15

Donner à boire à ceux qui sont dans un Purgatoire aride, parce que peu arrosé des larmes du repentir et de la reconnaissance. Leur bilan est un désert où ne poussent guère que des épines, et aucun des arbres de la charité dont les fruits sont savoureux et les feuilles sont des remèdes. La source du Cœur de Jésus, qui sort du nouveau Temple est ce qui convient le mieux pour ces âmes-là.
Il est donc solidaire de prier avec elles en disant “ ô Jésus, Fontaine inépuisable de charité, j’ai confiance en vous” ou toute autre invocation à ce Divin Cœur.