mercredi 25 novembre 2009

Un splendide anachronisme



J+M
Pietro di Cristoforo Vannucci (Il Perugino)

La Vierge et l'enfant Jésus avec Sainte Catherine d'Alexandrie et Saint Jean Baptiste

Date : vers 1500
Taille : 63 cm x 81 cm
Achat par Louis XVIII (1821)


Cliquer sur l'image pour la voir plus grande.



Aujourd’hui 25 novembre c’est la fête de sainte Catherine d’Alexandrie, noble vierge qui préféra la martyre à la profanation.
En l’honneur de l’illustre égyptienne je vous propose de regarder un tableau du Pérugin exposé au Louvre qui la représente en compagnie de Saint Jean Baptiste et de la Vierge avec l’Enfant Jésus.
Faisons-le poussés par un souci cathartique au sens noble, celui qui permet de trouver du repos dans la contemplation des œuvres d’art face aux agressions de la laideur, de la vulgarité et de la pornographie qui tapissent joyeusement le monde. Voilà qui restitue le sens premier des représentations religieuses, qui est bien de favoriser le recueillement. Ainsi le regard devient porteur de prière et autorise le bel élan de la “prière hypostatique”, quête d’union qui cherche et, par grâce, finit par trouver, au plus intime de nos âmes, la plénitude de l’humanité telle qu’elle fut voulue par Dieu.

La composition de ce tableau donne un relief particulier- et c’est justice- à l’Enfant divin, complètement nu à la différence des adultes qui sont richement parés d’atours. Cette nudité est toute biblique, elle exprime le dépouillement de celui qui s’est appauvri de sa divinité pour nous en enrichir.
Elle illustre l’ineffable mystère de l’Incarnation et rive leur clou aux nestoriens qui traîneraient encore au fond des âmes et s’aventureraient à nier la double nature de Jésus-Christ, vrai Dieu vrai homme.
L’enfant est nu, il bénit. Complètement vulnérable, jusqu'à à en périr sur la Croix, Jésus se présente d’emblée dans cette huile comme innocent et magnanime, même si un détail nous interroge : pourquoi ne regarde-il pas dans notre direction ? Nous y reviendrons, car il est patent que cette énigme a une visée pédagogique.
Au deuxième plan, une deuxième énigme se présente, autour d’un splendide anachronisme ; Jean Baptiste, même s’il est son Précurseur est le contemporain de Jésus. Sa mère Ste Elisabeth l'attendait tandis que Marie attendait Jésus.
Or il y a ici une différence d’âge délibérée qui ne peut pas passer inaperçue et dont le but est bien évidement de faire réfléchir aux choses saintes.
Faisons le pari que le Pérugin a donné des pistes de réponse dans son œuvre même et continuons notre découverte priante de cette toile dont 5 siècles nous séparent mais qui est toujours habitée par un souffle extraordinaire. Souffle qui très certainement est redevable du traitement de la lumière qui semble émaner des personnages. Il n’y a pas de doute possible, tant les atours que l’éclairage nous situent dans une perspective céleste, nous sommes face à des habitants des Cieux et non dans la représentation d’une scène terrestre.
Pour ce qui est de la composition Marie est au centre, vêtue de velours vert et de pourpre filigranée d’or qui la désigne comme une reine. Auréolée comme le sont les 4 personnages de cette scène elle présente son Enfant à la vénération.
Derrière elle, au second plan, les deux saints montrent tous les signes extérieurs de la dévotion. Ils expriment une sérénité et une paix qui est dans la perception chrétienne le privilège de ceux qui sont au Ciel. Sainte Catherine, martyre, porte la palme qui lui revient et qui exprime la gloire de son sacrifice. Cette palme est de proportions modestes, à peine plus grande qu’une plume. Ses atours aussi sont modestes, même si l’étoffe en est riche, et le velours noir qui l’habille, s’il met en valeur la beauté de sa chevelure du même blond que celle de la Vierge Marie, n’est pas de la teinte que l’on s’attend à voir en ces contrées. Cette surprise rejoint celle que l’on éprouve en découvrant que l’artiste italien a représenté Sainte Catherine et Marie avec un visage si semblable qu’il est permis de se demander qui est qui, car seuls leurs vêtements permettent de distinguer les deux héroïnes.
Le message qui transparaît dans cette lumière traitée subtilement semblant sourdre des personnages plus que les nimber s’inscrit doucement dans le cœur de celui qui observe le tableau. Il est confirmé par l’expression d’une parenté de plus en plus frappante : Jean Baptiste son parent et sainte Catherine ressemblent à Marie et donc à Jésus qui lui doit ses traits.
C’est ainsi toute une réflexion sur la sainteté qui nous est présentée, et que valide la représentation du Précurseur, lui aussi de pourpre revêtu, en hommage à son martyre et sans doute aussi parcequ’il est considéré comme le plus grand du royaume de cieux, et comme le nouvel Elie (Mat 11, 7-14).


Le regard et les manières de ces habitants des cieux montrent qu’ils sont configurés paisiblement au Christ, Prince de la Paix, qu’ils lui sont devenus si proches qu’ils sont ses semblables, ce qui actualise de saisissante façon l’exclamation du Seigneur que rapporte Luc « qui sont mes frères ; qui est ma mère ? Ce sont ceux qui écoutent ma parole et la mettent en pratique ».

Dans cette perspective, il est clair que ce tableau aux ambitions immenses, quasi théophaniques (Dieu s’y manifeste) veut dire Dieu aux hommes et leur rappeler la noblesse de leur vocation à être saints comme Il est saint. Et pourtant cette sainteté bien entendu se présente tant pour le peintre du début du XVIème siècle que par l’homme du XXIème comme un horizon hors de portée et d’atteinte.
Il faut donc un puissant encouragement pour en prendre le chemin. Cette décision ne peut se faire qu’avec l’aide de Dieu, signifiée ici par la bénédiction que donne l’Enfant, comme immédiate et sans réserve, puisque donnée par une personne peinte de si gracieuse façon qu’elle ne saurait inspirer de crainte.
Et si le pécheur d’aventure craignait d´être mis en présence d’un juge par trop rigoureux, le souvenir de ce tableau lui montrerait que son Dieu ne regarde pas dans la direction de son péché mais dans celle où Il l’attend et qu’il le revêt par avance de riches vêtements pour assister aux noces l’agneau en arrivant au Ciel. C’est lui qui a conquis notre rachat, le peintre le sait. Le génial anachronisme qui fait du Baptiste, contemporain absolu de Jésus un adulte contemplant un enfantelet, (un enfançon comme on disait jadis et comme on dit encore dans les cantiques de Noël) nous montre comment nous avons à considérer nous-même Jésus pour recevoir sa bénédiction, laquelle nous mettra en route vers les choses d’En Haut.
C’est le message du Pérugin, qui n’a pas pris une ride depuis 500 ans et nous concerne tous.
Avec l’aide de nos compagnons de route, de St Jean Baptiste et de Ste Catherine d’Alexandrie approchons nous avec confiance de l’Enfant en cette période qui lui est consacrée et qui est celle du bonheur de l’attente. Elle va s’ouvrir cette semaine, c’est celle de l’Avent.

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Les armes du combat :
2 Cor 8 : 9
Car vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, qui pour vous s'est fait pauvre, de riche qu'il était, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis.

Luc 8. 21
Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique.

Idée solidaire nº 19
Prier avec Sainte Catherine pour les âmes du Purgatoire.
La prière des saints nous fait entrer dans l’immense solidarité de la communion des saints. Nous pouvons – et devons- y puiser à pleines mains.

mardi 24 novembre 2009

Chercher Ton visage

le visage du Christ. Icône.Roumanie.


Chercher Ton visage
inlassablement
au fond de nos propres cœurs.
Là où il est profondément enfoui,
Te chercher.

Que trouverons-nous dans cette quête
si ce n’est des rictus, des caricatures,
rien qui n’évoque Ta beauté ?

Que trouverons nous en Te cherchant ?
Peut-être au fond de nous le souvenir
de ta voix qui nous a convoqués hors du néant au début de notre
histoire personnelle.

Mais en Te cherchant nous avons la certitude
car Tu es en nous, plus intime et fidèle que nous-mêmes.

Ton visage est celui que contempla Véronique
Poussière et sang, sueur et larmes.
Il nous dessine : c’est nous que nous voyons ;
en voyant Ta souffrance, nous savons ce que nous sommes.

Idée solidaire n°18 :

Embellir le visage du Christ grâce aux âmes du Purgatoire.
Les âmes sont la Gloire du Sauveur. Toute âme sauvée est un joyau qui
resplendit sur sa couronne.
"Ah! Voici comment je serai la providence du bon Dieu: Il aime tant les
âmes du Purgatoire et il ne peut les délivrer à cause de sa justice!
Eh bien! Moi, je lui donnerai ces âmes qu'Il aime et je demanderai à
tout le monde de Lui en donner par des prières et par de petits
sacrifices".
Sœur Marie de la Providence à l'âge de 12 ans

jeudi 19 novembre 2009

Un oiseau mazouté



C’était je crois un Guillemot de Troïl. Un oiseau de mer d’ordinaire farouche aperçu de loin et surtout connu par les planches des livres qui tapissaient ma chambre quand j’avais 20 ans et que la passion de l’ornithologie m’habitait. Mais là il était bien vivant, incongru dans cet enchevêtrement de planches et de cordes rejetées avec la laisse de la nuit. Son aspect était pathétique et mouillé. Oui mouillé, ce qui est tout de même étonnant chez ces oiseaux qui toujours hantent l’eau mais en sont protégés par une combinaison étanche faite de plumes et de secrétions grasses dont ils s’enduisent abondamment. Il y avait dans son apparence un je ne sais quoi d’indifférent à l’homme qui m’alerta. Je m’en approchai il ne s’envola pas : il était mazouté et ne pouvait plus bouger.
Je le pris dans mes mains, m’étonnai de sa légèreté et partis un peu tremblant en quête d’un centre de secours pour oiseaux, ce qui n’est pas chose aisée. L’animal avait était complètement frigorifié, il semblait avoir jeûné au-delà de ses forces et sa maigreur avait quelque chose d’improbable.
Le mazout avait fait de son plumage une masse compacte et répugnante.
Visqueuses et froides, comme une sorte de feutre imbibé d’huile ses plumes le minéralisaient, lui faisaient perdre sa qualité d’animal à sang chaud. Elles étaient devenues ses pires ennemies, il aurait fallu les arracher pour rendre à sa chair un aspect vivant.
Bien sûr aucun centre n’en voulait, après la récente marée noire les capacités d’intervention s’étaient épuisées. Je tentais de le tirer d’affaire tout seul et le mis sous la douche avec du liquide vaisselle plein les plumes. Rien n’y fait, il fallait de toute évidence pour le débarrasser de cette pollution un solvant bien plus efficace que celui que j’avais à la maison.
Entouré dans une serviette l’oiseau fut finalement conduit dans un centre dépendant de la faculté des sciences du musée maritime.
Il fut pris en charge par une personne très sympathique qui l’introduisit dans une sorte de lave-vaisselle dont seule sa tête émergeait. Elle m’en expliqua le fonctionnement et la difficulté, j’en fus étonné.
L’effort pour enlever la crasse chimique tombée sur cet oiseau est considérable et sans cette intervention il était absolument impossible que le guillemot s’en sorte.
Je me souviens en ce moment de cette histoire par analogie, bien sûr. Nous avons du mal à comprendre les affaires de la vie spirituelle, et les comparaisons intelligibles sont les bienvenues. L’oiseau représente nos âmes, le mazout c’est le péché (le mien, le tien, celui du monde).
Le purgatoire c’est la machine qui lave et rend à la vie les pauvres âmes mazoutées, qui peuvent alors reprendre leur essor vers l’infini de Dieu, figuré par l’océan. La seul solvant pour enlever les péchés ce n’est ni le liquide vaisselle, ni un vague repentir, c’est le sang du Christ intégralement versé pour chacun d’entre nous.

Les Armes du combat :

He 9 : 14 combien plus le sang de Christ, qui, par un esprit éternel, s'est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il votre conscience des œuvres mortes, afin que vous serviez le Dieu vivant !


Idée solidaire nº 17 :
Offrir à Dieu le sang du Christ pour les âmes du Purgatoire, selon la formule de la sainte d’Helfta (voir le précédent billet) et particulièrement à la messe pendant l’Offertoire.
- La prière de l’ange enseignée à Fátima :

Très Sainte Trinité,
Père, Fils et Saint-Esprit,
je Vous adore profondément
et je Vous offre le très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ
présent dans tous les tabernacles du monde,
en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences
par lesquels il est Lui-même offensé.
Par les mérites infinis de Son Très Saint-Cœur
et du Cœur Immaculé de Marie,
je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs.

lundi 16 novembre 2009

En la fête de Sainte Gertrude d'Helfta



Comme une halte à mi-parcours sur l’étape du mois de novembre, mois des âmes, leurs amis entrent dans la joie de la célébration liturgique de sainte Gertrude fêtée le 16 novembre (on le faisait jadis le 15 ou le 14, peu importe).
Sainte Gertrude est allemande, c’est une bénédictine du moyen Age (deuxième partie du 13ème siècle) qui nous est incroyablement proche, comme le sont tous ceux qui sont dans le cercle intime de Dieu quand on le cherche de toutes ses forces.
Sa vie et son œuvre "Le Héraut de l’Amour divin" sont longuement expliquées dans de belles et nobles et hagiographies, je n’ai rien à ajouter, si ce n’est le témoignage de la forte impression que m’a produite sa pensée, claire et forte.
Sa vie mystique, sa relation quasi permanente avec le Seigneur nous valent des pages précieuses d’un enseignement lyrique, mais bien documenté, étayé par une connaissance fine des textes patristiques et de la Bible.

Sa vision du purgatoire, qu’elle ne désigne presque pas sous ce vocable, (elle parle de Purification) est extrêmement intéressante car sa perception du Cœur de Jésus le montre désireux de suppléer lui même aux défauts et imperfection des âmes. Cette notion mérite qu’on s’y arrête car elle jette une lumière très bienvenue sur l’importance de nos actions, qui doivent toutes trouver leur source dans l’amour de Dieu. A ce titre, il est bon de se plonger dans ses écrits, dont la saveur surannée peut surprendre, mais dont la beauté cherche - et parvient - à exprimer un reflet de celle de l’amour de Dieu pour nous.

Idées solidaires nº16 :
2 prières pour les âmes avec Sainte Gertrude parmi bien d'autres (elles sont réputées capables de délivrer des multitudes d’âmes à chaque récitation faite avec amour)

1º Prière de sainte Gertrude pour les âmes du purgatoire (on y retrouve l’excellence de la notion de suppléance, qui fait que Dieu offre pour nous l’immensité de ses mérites, et rend efficaces nos demandes).

Très doux Seigneur Jésus, je te prie de bien vouloir exaucer, par les mérites de ta très sainte vie, cette prière que je t’adresse pour les défunts de tous les temps, et spécialement ceux pour qui l’on ne prie jamais.

Je te demande de suppléer à tout ce que ces âmes ont négligé dans l’exercice de tes louanges, de ton amour, de la reconnaissance, de la prière, des vertus et de toutes les autres bonnes œuvres qu’elles auraient pu accomplir et qu’elles n’ont point faites, ou qu’elles ont accomplies avec trop d’imperfection.

Amen.

5 Notre Père - 5 Je vous salue Marie.

2º Prière de sainte Gertrude pour les âmes du purgatoire
Père éternel, je vous offre le Sang très précieux de votre divin Fils Jésus, en union avec les messes célébrées aujourd’hui dans le monde entier, pour toutes les saintes âmes du purgatoire, pour les pécheurs du monde entier et de l’Église universelle, en particulier ceux de ma famille ! Amen !

dimanche 15 novembre 2009

Ton Cœur comme une source

ô Jésus, Fontaine inépuisable de charité, j’ai confiance en Vous
J+M



Dans nos aridités 
Seigneur, Tu te fais Source.
Dans nos douleurs
Tu es douceur immortelle.
Dans nos trahisons
Tu consoles et restaures
La fidélité perdue.

Bien incapable de t’aimer,
Aussitôt qu'avec peine nous avons balbutié
Un vague désir de ta présence
Te voici, tu accours
Tel le plus doux des pères.
Le Roi de gloire se penche
Vers l’humanité qui l’ignore.

A présent vers Toi nos âmes gémissent
Accablées par leur ingratitude
Et tu nous offres à nouveau ton Cœur
Comme une source
Pour irriguer le désert
Qu’ont été nos vies, nous qui avons adoré
Tous les faux dieux, tous les veaux d’or
Et qui voudrions tout de suite ton Ciel en rétribution.


Les armes du combat :

Jean 2 20-21

Les Juifs dirent : Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce temple, et toi, en trois jours tu le relèveras! Mais il parlait du temple de son corps.

Jean 19 : 34

mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il sortit du sang et de l'eau.

Ezéchiel 47 : 1-2

Il me ramena vers la porte de la maison. Et voici, de l'eau sortait sous le seuil de la maison, à l'orient, car la face de la maison était à l'orient; l'eau descendait sous le côté droit de la maison, au midi de l'autel. 2 Il me conduisit par le chemin de la porte septentrionale, et il me fit faire le tour par dehors jusqu'à l'extérieur de la porte orientale. Et voici, l'eau coulait du côté droit.

Ezéchiel 47 : 12

Sur le torrent, sur ses bords de chaque côté, croîtront toutes sortes d'arbres fruitiers. Leur feuillage ne se flétrira point, et leurs fruits n'auront point de fin, ils mûriront tous les mois, parce que les eaux sortiront du sanctuaire. Leurs fruits serviront de nourriture, et leurs feuilles de remède

Idée solidaire nº15

Donner à boire à ceux qui sont dans un Purgatoire aride, parce que peu arrosé des larmes du repentir et de la reconnaissance. Leur bilan est un désert où ne poussent guère que des épines, et aucun des arbres de la charité dont les fruits sont savoureux et les feuilles sont des remèdes. La source du Cœur de Jésus, qui sort du nouveau Temple est ce qui convient le mieux pour ces âmes-là.
Il est donc solidaire de prier avec elles en disant “ ô Jésus, Fontaine inépuisable de charité, j’ai confiance en vous” ou toute autre invocation à ce Divin Cœur.

samedi 14 novembre 2009

La reine qui anticipait

 Isabel de Portugal Zurbarán 1640, óleo sobre lienzo, 184 x 98 cm
J+M


Santa Isabel de Portugal [Zurbarán] 1640, huile sur toile, 184 x 98 cm Musée du Prado

Parmi tous les privilèges de la sainteté, celui de pouvoir contempler dès ici-bas la réalité des valeurs éternelles n’est pas le plus mince. Or c’est ce qu’il advint à Sainte Elisabeth, reine du Portugal et dont le célèbre miracle des roses donne un exemple frappant (São rosas, senhor....). Car au fond on pourrait penser qu’en informant son mari sur le contenu de son tablier, la sainte avait menti, ce qui n’est pas considéré comme une vertu, bien au contraire. Elle portait, on le sait, des secours pour les nécessiteux.
Or sa réponse "Ce sont des roses, Seigneur" pour désigner l'argent des aumônes, validée par le Ciel, pose un problème car elle ne dépeint pas exactement ce qu’elle portait, mais dans un raccourci, anticipe la réalité future de son geste. Donner à manger à ceux qui ont faim est certainement une œuvre de miséricorde, qui permet de poser des gestes pour l’éternité. Leur valeur devient alors éternelle. Les quelques biens matériels qu’elle avait destinés à cette action sont devenus des roses célestes, plantées dans un jardin qui n’a pas vocation à se flétrir.
On peut retenir de ce miracle plusieurs choses quoi nous concernent aujourd’hui et maintenant.
- En premier lieu, la reine est devenue alchimiste par amour, elle a été capable de transformer de la matière périssable en symbole immortel. C’est cette alchimie que le chrétien est appelé a effectuer au long de sa vie et qui est rendue possible par la grâce du baptême, elle est la noblesse de sa vocation qui fait de lui un prophèteun prêtre et un roi.
Prophète qui parle au nom de Dieu, prêtre qui offre le sacrifice de ses prémices (de sacrum, neutre de sacer « ce qui est sacré » et facere « faire ; accomplir une cérémonie sacrée. Rendre sacré est précisément ce qu’a fait Sainte Elisabeth qui a transformé un peu d’or terrestre en roses immortelles et sacrées, agréables à Dieu).
Roi enfin en sa qualité de fils du Roi des rois.
- Ensuite elle a été capable d’une acuité spirituelle extraordinaire, qui lui a permis de reconnaître le Christ dans l’Autre, dans les pauvres démunis et malodorants qui se traînaient devant son palais, car c’est bien le Christ qui a opéré le prodige de transmuer en roses les secours qu’elle portait.
- Enfin, son action a eu une portée exemplaire et extraordinaire sur son mari, lequel n’ignorait pas ce qu’elle faisait et lui avait tendu un piège pour la mettre en difficulté.
A n’en point douter, le sire portugais tout pétri de machisme a dû passer un drôle de moment devant l´évidence de la sainteté de sa femme alors qu’il s’apprêtait à lui donner une leçon d’économie domestique. Rebondissement inattendu, mais logique, l’œuvre de charité simple devient spirituelle, car corriger ceux qui se trompent (sous-entendu avec douceur mais fermeté) est aussi une des œuvres de miséricorde que le chrétien doit accomplir pour remplir son propre panier avant de le présenter au Seigneur lors de l’examen appelé jugement particulier .

La triple portée de cette scène doit nous parler aujourd’hui.
Les pièges de l’argent, de l’individualisme et de l’égoïsme sont insidieux mais prégnants. A l’inverse, la vraie noblesse est à la portée de tous, elle est dans le partage et l’accomplissement de la volonté de Dieu.
Nous avons tous à anticiper la réalité future de nos gestes, et avec notre temps, notre argent et nos efforts d’aujourd’hui nous pouvons planter des roses pour éternité, ce soin n’est pas réservé aux princesses.
Roses de prières et roses de sacrifices, roses d’aumônes et roses de miséricorde. Aujourd’hui comme hier le pauvre est à nos portes et a faim, qu’il soit pauvre de pain ou pauvre d’estime de soi, pire encore, pauvre au point d’avoir oublié la noblesse de sa vocation et ne savoir ni qu’il est fils de Dieu, ni même qu’il y a un Dieu.
La gloire du chrétien c’est sa rapidité à lui apporter secours en lui montrant Dieu essentiellement à travers sa propre manière de dire Dieu, c'est à dire en agissant avant tout par amour, en donnant l’exemple du pardon et de la générosité.

En ces jours de novembre, il y a aussi une pauvreté à soulager, ce sont les besoins des âmes du Purgatoire.
Âmes paradoxales, si pauvres qu’elles ne peuvent plus rien faire pour elles-mêmes, si riches d’avoir déjà la certitude (que nous n'avons pas) qu’elles seront un jour avec Dieu.
A l’exemple de sainte Elisabeth du Portugal, soyons généreux avec elles, même – et surtout – si nous n’avons que quelques miettes à offrir. Souvenons-nous de la multiplication des pains faite par le Seigneur. Elle ne s’est pas faite ex nihilo, mais à partir du goûter qu’un enfant a mis à la disposition du groupe des apôtres, un peu de pain et de poisson.
Ces miettes serviront, après avoir été bénies par le Seigneur, à alimenter une foule de 5000 hommes.
Si nous donnons au Seigneur une miette pour les âmes, Lui il agira. Et nous aurons la joie insigne d’avoir contribué à l’arrivée au Ciel de ceux qui nous ont fait arriver sur terre, ancêtres, amis, parents, bienfaiteurs défunts.


Idées solidaire nº14 :
Apporter des miettes à Dieu pour la foule des défunts, sachant qu’Il les multipliera.
Miette de temps : réciter une dizaine de chapelet, dire une courte prière en passant devant un cimetière…
Miette d’argent : faire dire une messe (17 € dans les diocèses de France), donner une aumône, répondre à une sollicitation pour une ONG ….
Miette de solidarité : poser un geste de miséricorde pour les âmes, qui peut aussi n'être que ce que qu’une simple écoute généreuse des souffrances d’un(e) importun(e)…
Il y a des tas de 
miettes qui ne demandent qu’à être bénies par Dieu, à nous de les trouver. Petit à petit nous apprendrons à donner de plus en plus, nous savons qu'un jour où il faudra bien tout Lui remettre, alors autant s'entraîner.


Marc 6:41-42


Il prit les cinq pains et les deux poissons et, levant les yeux vers le ciel, il rendit grâces. Puis, il rompit les pains, et les donna aux disciples, afin qu'ils les distribuassent à la foule. Il partagea aussi les deux poissons entre tous. Tous mangèrent et furent rassasiés,

Mat 25:40

Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous les avez faites.

vendredi 13 novembre 2009

C’est la Croix qui nous porte

c’est la Croix qui nous porte

La Croix, en ce vendredi, comme une évidence :
c’est la Croix qui nous porte, la Croix qui nous sauve.
Cette Croix comme une arche, nous contient tous, nouveaux Noé
appelés à voir la Colombe nous annoncer de nouveaux rivages
C’est la Croix aussi qui conduit les défunts
à travers l’immensité des abîmes jusqu’au port de Son cœur.

Sur la Croix, le très gracieux et très aimable enfant de David n’avait plus figure humaine
et sur les gibets de nos avis, de nos opinions, de nos lâchetés,
Sa Parole est pareillement défigurée et trahie.


Idée solidaire nº 13

Réciter le Chemin de Croix pour les âmes ou encore regarder un crucifix avec un cœur contrit et reconnaissant, non pas comme un objet, mais comme un sceau sur une lettre d’amour.
Le faire en solidarité avec les âmes pour qui nous prions en ce mois de novembre, mois des âmes, mois des fiançailles du Christ avec toute leur cohorte immense qui se purifie pour entrer dans les noces éternelles.
Trop peu de chrétiens  regardent la Croix avec toute la reconnaissance due au Maître de la vie, qui a accepté pour chacun d'entre nous une injuste condamnation, suivie d’une exécution atroce. Or c’est par elle que nous sommes sauvés, il ne faut donc pas hésiter, en compensation de toutes ces froideurs, à montrer beaucoup d’attachement à cette croix dans une démarche solidaire de réparation et d’amour.


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Les armes du combat :

Colossiens 2-15 :

Il a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d'elles par la Croix.