vendredi 29 octobre 2010

Le désert

J+M

Je t’emmènerai au désert et là je parlerai à ton cœur (Osée 2:14)


Dans ces lieux que j’habite à présent on n’imagine pas abruptement le désert. Ici tout n’est que verte rotondité, exubérante végétation, troupeaux paissant avec un acharnement paisible de verts pâturages qui eussent parfaitement convenu au Roi David. Loin des steppes castillanes qui, elles, évoquent parfois, par leur démesure et leur lumière une étendue désertique, les monts cantabriques en Espagne sont à la fois féconds et peuplés. Il ne s’agit donc en l’espèce d’une rêverie sur un paysage imprégnant un cœur distrait, mais bien de la contemplation d’une sorte de désert intime.
Cela a été traité à l’infini, je ne m’étendrai pas sur la désolante propension du cœur humain à produire des déserts. A désertifier les labours de la grâce et à dé-forester la capacité de paradis qu’il y en a nous. Les outils de coupe sont inventoriés, la raison (celle que l’on vit brièvement trôner sur nos autels en France pendant la Terreur), la matérialité, l’égoïsme … Comme celui des démons qui se réfugièrent jadis dans tout un troupeau de porcs, leur nom est légion. Mais force est de reconnaître que le désert gagne, il est partout.
Et l’aventure spirituelle ne consiste pas à nier le désert ou à en faire reculer les limites car cela seuls quelques héros en ont le privilège, mais à l’accepter.
Accepter son propre désert d’amour.
Désert intime et ravageant. Nous restons de marbre devant la Croix. Devant une Pietà. Devant le miracle eucharistique. Devant l’infinie souffrance humaine brassée par la vie. Nous justifions tout, acceptons tout. Expliquons tout.
Et peu à peu notre cœur devient un désert où ne pousse aucun fruit de compassion, de partage, de simple solidarité.
Désert liturgique. Accablant silence de nos cœurs faits pour la philocalie et la louange. Rien.

Et soudain, Miracle, Tu es là
Tu opères en nous le vouloir et le faire, et dans nos aridités tu fais couler le fleuve de Ton Cœur Ouvert.
Et la steppe exulte et fleurit, conformément à Ta Parole.
Nos âmes sont couvertes de ta rosée.

Tu es Merveilleux Seigneur !