Nous autres français, pétris et repétris de la
pseudo-évidence cartésienne nous ne cessons de cogiter pour être et il nous
semble qu’ainsi nous sommes notre propre source. Nous aimons nous persuader que
nous nous sommes « faits tout seuls ». Comme intoxiqués par un poison
de possession ne voulons- nous pas nous déclarer responsables notre identité ?
Pourtant, l’âme qui cherche finit par comprendre que si nous sommes ce n’est pas grâce à notre pensée, mais parce qu’un Autre
bienveillant nous a tirés du néant et nous a appelés à être.
Je crois qu’il serait
plus rentable de nous défaire de la volonté de nous « faire ».
Peu à peu nous deviendrions
ainsi capables de nous « recevoir » de Celui qui Est.
Entre autres
avantages nous pourrions alors essayer de L’aimer.
Pen bon français c’est avec lenteur que j’apprends à
aimer Celui qui m’a donné d’être, en première et brute rétribution, comme
pourrait le faire l’argile pour le potier qui la façonne ; l’Adam pour le
Créateur qui lui insuffle la vie.
Puis viendra un
moment d’affiner cet élan. Et d’admettre très humblement que si je ne puis être par moi-même, peut-être ne puis-je
pas non plus aimer par moi-même, tel
que je suis.
Viendra alors avec
douceur le moment d’accepter du Tout Autre, connu comme Tout Aimant, l’amour
qu’il voudra bien déposer dans nos cœurs pour un culte véritable.
Car même l’amour doit
se recevoir, tant il est vrai que sans
Dieu nous ne pouvons rien faire.
En résumé, la vie de foi se diffracte incessamment en
paradoxes. Il nous appartient en propre de chercher Dieu, et ce faisant, de
nous laisser trouver par Lui.
Et de l’aimer,
d’accepter son amour répandu en nos cœurs afin de pouvoir l’aimer, Lui, la
source de l’amour.
D’accepter cette
dépendance, en résumé : non pas tant « je pense, donc je suis » que « j’aime
donc je suis ».
***
Les armes du combat :
Car l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs (Rom 5 .5)
Mais qui suis-je, et qui est mon peuple, que nous ayons assez de pouvoir pour offrir ces choses volontairement ? Car toutes choses viennent de toi, et [les ayant reçues] de ta main, nous te les présentons. (1Cr, 29 :14)