samedi 20 novembre 2010

Irak : l’AED lance une neuvaine à Notre Dame du Perpétuel Secours


S’il-vous-plaît, priez pour nous


« S’il-vous-plaît, priez pour nous. C’est un temps vraiment difficile pour l’Irak actuellement. C’est le chaos. Les gens souffrent tellement de la peur. Il y a de la rage et de la détresse, et ils ne savent pas où se tourner »,
supplie Mgr Bashar Warda, archevêque chaldéen d’Erbil.
Alors prions !
L’AED lance une large neuvaine à Notre Dame du Perpétuel Secours, puisque c’est dans l’église du même nom que le 31 octobre 2010, 2 prêtres, 44 fidèles (chiffre variable selon les sources) ont trouvé la mort, auxquels il faut ajouter de nombreux blessés.
Nous vous proposons de débuter cette neuvaine ce dimanche 21 novembre 2010, puisque nous fêterons le Christ, Roi de l’univers dont Saint Paul dit : « Dieu a voulu que, dans le Christ, toute chose ait son accomplissement total. Il a voulu tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix. » (Col 1,19-20)
En pénétrant dans l’église, les assaillants ont mitraillé la Croix en se moquant et en disant aux fidèles : « Dîtes-lui de vous sauver ! » Dans l’Evangile de ce dimanche, on retrouve les mêmes paroles dans la bouche d’un des malfaiteurs crucifié en même temps que Jésus : « N’es-tu pas le Messie, sauve-toi toi-même, et nous avec ! »
Ensemble, prions Marie d’intercéder auprès de son Fils, le Christ, Roi de l’univers, pour que l’Irak retrouve la paix.
L’AED propose de commencer la neuvaine le 21 novembre 2010, fête du Christ-Roi.

Prière proposée par l’AED pour la neuvaine à Notre Dame du Perpétuel Secours
,
Donne la paix à la terre d’Irak

Ô Notre Dame du Perpétuel Secours
Nous confions à ton cœur et à ton amour
Le peuple irakien et l’Eglise de cette terre.

Garde-les de toute injustice,
De toute division,
De toute violence et de toute guerre.
Garde-les de la tentation
Et de l’esclavage de la vengeance.
Sois avec eux !

Aide-les à vaincre le doute par la foi,
La peur par la confiance,
La haine par l’amour.

Ô Mère du Christ,
Sois leur réconfort
Et donne force à tous ceux qui souffrent :
Aux persécutés,
Aux réfugiés.

Donne la paix à cette terre divisée
Et à tous, la lumière de l’espérance.

Prière inspirée de Jean-Paul II

vendredi 29 octobre 2010

Le désert

J+M

Je t’emmènerai au désert et là je parlerai à ton cœur (Osée 2:14)


Dans ces lieux que j’habite à présent on n’imagine pas abruptement le désert. Ici tout n’est que verte rotondité, exubérante végétation, troupeaux paissant avec un acharnement paisible de verts pâturages qui eussent parfaitement convenu au Roi David. Loin des steppes castillanes qui, elles, évoquent parfois, par leur démesure et leur lumière une étendue désertique, les monts cantabriques en Espagne sont à la fois féconds et peuplés. Il ne s’agit donc en l’espèce d’une rêverie sur un paysage imprégnant un cœur distrait, mais bien de la contemplation d’une sorte de désert intime.
Cela a été traité à l’infini, je ne m’étendrai pas sur la désolante propension du cœur humain à produire des déserts. A désertifier les labours de la grâce et à dé-forester la capacité de paradis qu’il y en a nous. Les outils de coupe sont inventoriés, la raison (celle que l’on vit brièvement trôner sur nos autels en France pendant la Terreur), la matérialité, l’égoïsme … Comme celui des démons qui se réfugièrent jadis dans tout un troupeau de porcs, leur nom est légion. Mais force est de reconnaître que le désert gagne, il est partout.
Et l’aventure spirituelle ne consiste pas à nier le désert ou à en faire reculer les limites car cela seuls quelques héros en ont le privilège, mais à l’accepter.
Accepter son propre désert d’amour.
Désert intime et ravageant. Nous restons de marbre devant la Croix. Devant une Pietà. Devant le miracle eucharistique. Devant l’infinie souffrance humaine brassée par la vie. Nous justifions tout, acceptons tout. Expliquons tout.
Et peu à peu notre cœur devient un désert où ne pousse aucun fruit de compassion, de partage, de simple solidarité.
Désert liturgique. Accablant silence de nos cœurs faits pour la philocalie et la louange. Rien.

Et soudain, Miracle, Tu es là
Tu opères en nous le vouloir et le faire, et dans nos aridités tu fais couler le fleuve de Ton Cœur Ouvert.
Et la steppe exulte et fleurit, conformément à Ta Parole.
Nos âmes sont couvertes de ta rosée.

Tu es Merveilleux Seigneur !



vendredi 20 août 2010

L’autre rive du pont

Quitter Lisbonne

Période troublée pour l’auteur de ce blog : erratisme, déménagement et peu d’accès à Internet expliquent un long silence. La rentrée prochaine me trouvera en Espagne, et ce seront d’autres images qui viendront alors –Dieu voulant- illustrer les réflexions de ce carnet de bord où s’échouent prières et coups de cœur spirituels.
Dans l’attente, ces dernières journées du mois d’août à Lisbonne sont marquées du sceau de la saudade, cette nostalgie pas forcément triste mais bien imprégnante !
C’est un pas dans la foi, sans que le chemin soit évident qui m’attend. Mais ce pas est décisif, il s’effectue avec la joyeuse certitude qu’Il est là, tous les jours jusqu’à la fin du monde (Mat 28 :20). Le Christ avec nous, dans les rencontres et les joies, dans les séparations et les bourrasques, que la barque tangue ou qu’elle file droit avec le vent en poupe.
La photo qui illustre ce propos résume l’image que j’emporterai de la capitale portugaise, dominée par la statue de Cristo Rei, au bout du pont appelé « 25 avril » devenu pour la circonstance métaphore et même projet de vie.
Il m’a été doux d’habiter une ville surmontée d’une pareille icône, doux de savoir chaque jour que Christ est le vrai et seul pontife, au sens de constructeur de pont, car son Sacrifice nous permet de gagner les rivages de Son Royaume.
Comme sur cette image, la brume ne permet pas de contempler tous les détails du chemin qu’il faut emprunter. Mais la certitude que Jésus attends de l’autre côté du pont est remplie de promesses et rend le pas du pèlerin assuré.
Je souhaite à tous les lecteurs de ces lignes d’approfondir cette réalité pour la rentrée, qu’elle soit précédée ou non d’un de ces grands changements qui nous font progresser sur les chemins de la confiance.
Qu'elle nous prépare au détachement qu’il faudra bien rendre un jour effectif, quand l’autre rive du pont à emprunter ne sera déjà plus de ce monde.

dimanche 4 juillet 2010

Du pain et des roses

 Rainha Santa Isabel, Nós Vos pedimos, Senhor, por intercessão desta Santa Rainha  as graças de que tanto precisamos  em modo particular a paz nos nossos corações e nos nossos lares.
J+M

Une remarque en préalable. Le Portugal, terre d'exil et de voyageurs, a pour saints principaux deux exilés. Ainsi Saint Antoine, lisboète de souche, est connu paradoxalement comme St Antoine de Padoue. Quand à Sainte Elisabeth du Portugal que le pays fête ce jour, elle naquit en Espagne dans la famille royale d’Aragon, devint reine, mère et sainte au Portugal avant de rendre son âme à Dieu sur la route en tentant, comme elle n’avait cessé de la faire, de rétablir la paix dans sa turbulente famille de princes ennemis.
Cette interculturalité chrétienne n’est-elle pas le signe de l’universalité de ceux qui affirment avec Saint Paul “pour nous, notre patrie est dans les cieux” ? (Phil, 3:20) . Elle n’exclut certainement pas l’amour de la patrie terrestre, et ne le dilue en aucun cas dans une globalisation anonyme : être chrétien c’est bien se doter au contraire d’un message universel, que tous peuvent entendre.
C’est pourquoi une Elisabeth qui quitte sa patrie pour aller devenir reine dans un royaume voisin illustre le destin de l' âme. Elle actualise prophétiquement la noblesse de la vocation de tout homme, qui devra un jour quitter ce monde pour régner avec le Roi des rois et lui devenir semblable. A condition d’avoir accepté et reçu l’amour de Dieu, et d’avoir décidé de lui ressembler.
Elisabeth nous montre que cet appel est possible dans tous les états de vie. On se souviens de l’exhortation de saint François : fleuris où tu es semé. Semée dans une famille princière, exposée aux dangers incessants de l’intrigue et de la fortune, elle considéra tout ceci à sa juste valeur pour n’aspirer qu’aux biens du Ciel qu’elle fit fleurir autour d’elle pour ceux qui l’approchaient.

Le prêtre qui ce matin rappelait sa mémoire au Portugal employait un raccourci intéressant : Mère et Sainte, et d’autant plus sainte que mère, et d’autant plus mère que sainte. Tous les états qu’elle a connus ont été en effet autant de tremplins pour s’élancer avec fougue vers le Ciel. Elle qui souhaitait être moniale dut se marier, elle qui souhaitait venir en aide aux pauvres dut lutter contre les exigences de son mari. Amoureuse de la paix, elle dut voir son fils aîné s’opposer à son père, allant jusqu’à prendre les armes contre lui, puis un de ses petits-enfants, prince d’une autre contrée, déclarer la guerre à son pays.

Le pain et les roses sont donc à l’honneur aujourd’hui 4 juillet, intimement associés à la fête de sainte Elisabeth du Portugal dont ce blog a déjà évoqué la figure ici et . Le pain bien sûr puisqu’il représente à juste titre l’alimentation, et par extension ce qui est nécessaire pour vivre. Mais ce n’est pas tout. Même Jésus dira à Satan qui le tente que l’homme ne vit pas seulement de pain. Il y a aussi les roses, tout aussi nécessaires. Les roses qui représentent la nature dans sa beauté, celle qui réjouit les yeux. Elles symbolisent aussi les vertus, lesquelles embaument la vie du croyant comme le font les fleurs.
La fête de ce jour ne dissocie pas le pain et les roses, et c’est tant mieux. Car le don que faisait perpétuellement la reine de sa vie et de sa fortune en venant au secours des nécessiteux ne leur donnait pas seulement de quoi vivre, mais bien aussi une raison de vivre. En voyant leur détresse soulagée, les pauvres pouvaient croire à la vérité de la Bonne Nouvelle du salut. A ce titre, les roses que sainte Elisabeth vit un jour apparaître miraculeusement dans son manteau représentent l’amour dont elle se faisait la messagère, le canal visible. C’était cela sa sainteté à elle, se faire transparente à Dieu pour que les hommes puissent Le voir à l’œuvre à travers ses actions.
On retiendra que cet amour lui fit un jour laver, puis donner un baiser aux plaies d’une malheureuse dont tous s’écartaient du fait de ses ulcères nauséabonds. Ce baiser aussitôt la guérit.

Devenir soi-même pain et devenir soi-même rose, c’est imiter ce que fit le Seigneur dont l’amour est devenu nourriture, capable d’alimenter chaque jour ses fidèles. Le sacrifice sur l’arbre de la Croix au plan symbolique anéantit l’œuvre des ténèbres qui commença elle aussi sous un arbre. Jésus est devenu lui-même le fruit qui pendait de l’arbre de la Croix et dont le corps donné en nourriture à ceux qui l’aiment guérit des morsures du serpent. Et c’est son sang qui a fait fleurir, comme le dit la liturgie, les roses du salut.

Sainte Elisabeth du Portugal, entièrement donnée au Christ au point d’œuvrer les mêmes miracles que lui, fut, elle aussi pain pour son peuple, qu’elle nourrit et à qui elle enseigna par l’exemple d’une vie configurée à celle de Jésus. Le Portugal qui célèbre sa fête par du pain et des roses récapitule donc fidèlement son message à travers deux symboles simples dont la portée est universelle.

mardi 15 juin 2010

Dire oui

J+M


Jésus , Tu as dit Oui de toute éternité
Oui au Père qui T’engendre
Oui à l’Autre, que Tu aimes
Oui au bonheur
Oui à la solidarité
Oui à la vie !

Tu dis Oui aux hommes, et, ce disant, ils sont.
Ils sortent du néant à l’appel de Ton souffle ; nous sommes nés
De Ta parole aimante et pleine de compassion.
Tu nous appelles par un nom connu de Toi seul, un nom ami, qui parle au cœur et le fait frémir.

Qui résisterait à Ta voix ?

Tu as dit Oui, et ce Oui est devenu toute la beauté, toute la lumière et le salut tout entier.

Et nous, nous ne savons rien d’autre que Non.
Non à la vie, à un amour personnel, à un Dieu personnel qui dit Oui, que ta volonté soit faite, ainsi soit-il.
Tout cela décline le Oui que tu dis au Père et qui efface la somme de nos Non, refus menus comme des fourmis ;
Tristes comme des insectes dévorant les récoltes des enfants qui ont faim.

Je veux réapprendre à Te dire oui, moi aussi
Oui dans la lumière
Oui dans le silence des appétits
Oui à l’aventure de Te découvrir chaque matin, à l’intime comme dans la plus vaste des majestés ;
Oui comme Marie qui T’accueille et ouvre à nouveau la porte de l’Antique Jardin.

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Les armes du combat :

Et toutes les promesses de Dieu ont trouvé leur « oui » dans sa personne. Aussi est-ce par le Christ que nous disons « amen », notre « oui », pour la gloire de Dieu.

dimanche 13 juin 2010

Anniversaire

St Antoine. La prêche aux poissons
13 juin


En la fête de Saint Antoine, patron de Lisbonne où je réside encore pour une poignée de semaines, ce blog fête son premier anniversaire. Bilan : une centaine de billets, et surtout une pluie de grâces ininterrompue. Je remercie le Ciel pour tout ce qu’il me donne à travers les frères et sœurs qui me lisent, commentent ou prient avec moi.
La fête du saint lisboète, plus connu comme Saint Antoine de Padoue me rappelle une anecdote :
Saint Antoine prêcha jadis, dit-on, à des hérétiques qui se bouchèrent les oreilles pour ne point l’entendre. Il s’adressa alors aux poissons du port, qui sortirent tous la tête de l’eau pour entendre la prédication du saint homme, donnant ainsi une leçon magistrale aux habitants des lieux.
Internet et la tenue d’un blog actualisent tous les jours ce genre de miracle. Nous, poissons habitués des eaux troubles, nous trouvons parfois au détour de la Toile, d’un clic inattendu, de lumineuses exhortations.
Tel ce lien vers Il est vivant , journal rempli de bonnes nouvelles et de témoignages destiné à un public de jeunes chrétiens ou celui de Cybercuré qui m’a tellement impressionné (le webmestre est un curé autodidacte qui a tout appris d'Internet à 78 ans et ne se sert que de la main gauche). Il reçoit des milliers de visites chaque mois !
Oui, je me sens heureux de remercier Saint Antoine qui associé à cette aventure depuis l’origine, m’a permis comme les poissons de sortir la tête hors de l’eau du quotidien et d’entendre beaucoup de belles paroles.

*****
Les armes du combat :
D'heureuses paroles jaillissent de mon coeur quand je dis mes poèmes pour le roi d'une langue aussi vive que la plume du scribe !

vendredi 28 mai 2010

Le mois de Marie

C'est le mois de MARIE
C’est le mai, le joli mai. Et Dieu sait s’il est joli sous ces cieux atlantiques où le ciel et l’Océan se rejoignent dans une étreinte éclaboussée d’un bleu si beau qu’il est aussi celui que poursuivent à perdre haleine les fabricants d’azulejos depuis des siècles. J’ai déjà parlé des prairies de l’Alentejo, lesquelles au fait n’ont rien à envier à celles de l’Algarve ou de Tras os Montes. Oui mai est bien un moment merveilleux ici.

Le mai, le joli mai tire à sa fin. Nous avons installé un oratoire pour le mois de Marie, l’enthousiasme incertain devant cette évidente réactivation de la piété enfantine des temps jadis. Il paraît qu’on à l’age de ses enfants et les nôtres ont entre 7 et 11 ans. L’oratoire fut dressé, la plus jeune l’a orné de compositions de son cru, avec des crucifix sur lesquels fleurissent des roses dans un raccourci fascinant, comme si sa jeune âme avait déjà compris que le salut à fleuri sur l’arbre de la croix. Et, avec une incertaine et chancelante fidélité, nous avons essayé de prier en famille devant le petit oratoire. Il faut bien reconnaître que les fleurs champêtres qui auraient dû logiquement l’orner faisaient défaut, mais une mousse verte et synthétique acquise avec un bouquet a fait des prodiges sur nos gerberas urbains.

Et puis…avant hier ma douce moitié m’a appelé pour me demander d’acheter des fleurs. Une statue de la Vierge venait d’arriver dans notre foyer, poussée par des zéphyrs mystérieux !
La pèlerine est une reproduction de la Vierge de Schoenstatt, celle qui nous accueillait à La Paz pour la messe dominicale, et dont nous avions une petite reproduction à la maison. Cette touchante coïncidence me fait chaud au cœur.
Sur l’autel du mois de Marie il y a des roses portugaises, comme celles de Sainte Isabelle, et des alstrœmères, lis des Incas que nous achetions par grands bouquets en Bolivie. C'est pour ainsi dire l'histoire de notre épopée familiale... mise devant Marie.

C’est le mois de Marie, c’est le mois le plus beau !

jeudi 20 mai 2010

Bien plus ...

Dieu revêt la nudité de ses enfants, plus tard Jésus sera dépouillé de ses vêtements pour nous revêtir de ceux du salut
J+M

Depuis toujours, Dieu habille l’homme et lui permet d’entrer sans rougir dans la salle des fêtes du Royaume.
Au commencement, Adam et Eve découvrent leur nudité en même temps que leur état de pécheurs. Quelle déconvenue pour ceux qui s’imaginaient devenir comme des dieux ! Cette situation doit probablement hanter l’inconscient collectif des humains, car beaucoup d’entre nous ont fait l’expérience d’un rêve terriblement désagréable dans lequel nous sommes nus, ou sales, ou affublés d’oripeaux ridicules en face d’un groupe bien vêtu.
Dès la chute des deux premiers hommes Dieu a immédiatement mis en œuvre un plan de miséricorde en leur remettant une tunique faite de peaux de bêtes, sans doute plus agréable à porter que le pagne de feuilles rêches  confectionné en hâte par le premier couple. Ce cache misère à n’en point douter devait être inconfortable. La tunique était préférable, même si l’usage des peaux fait bondir les amis écolos qui détestent l’idée même de la fourrure. Qu’ils se tranquillisent ! Car en l’espèce, on reconnaîtra dans ces pelages offerts par Dieu à ses enfants désobéissants l’image de la ruine d’un projet stupide. Les bêtes représentent deux idolâtries, celle d’être autosuffisant et celle d’être l’égal de Dieu. Ces deux erreurs ont éclipsé brièvement le culte divin dans le cœur d’Eve et d’Adam c’est pourquoi elles apparaissent comme des bêtes. Mortes, elles attestent de l’échec de ce projet ; et Dieu qui tire le bien du mal s’en sert pour vêtir ses enfants.
L’abandon du projet idolâtre que figurent ces dépouilles est un pas vers le repentir, qui entraînera le pardon. Il est intéressant de noter ici que le pardon du Seigneur précède ce repentir.
Donc, le geste tout empreint de sollicitude d’un Dieu qui habille ses enfants pécheurs - geste si bienveillant qu’il en est paternel, et même maternel- inaugure une attitude dont Dieu ne se départira jamais face à un être humain toujours tenté par l’autonomie et l’idolâtrie.
On retrouvera ce geste divin à la Croix. L’homme nu qui s’enfuit sous le regard des gardes alors que l’on emporte le Seigneur vers son supplice représente, je crois, notre humanité tout entière.
Un jeune homme le suivait, n'ayant sur le corps qu'un drap. On se saisit de lui ; mais il lâcha son vêtement, et se sauva tout nu (Mc :14, 51-52)

L’humanité apparaît extrêmement faible, vulnérable, en proie aux pires terreurs. Quelle image poignante en donne l’affaire de la fuite du jeune homme nu qui s’enfuit avant l’exécution de Jésus ! Mais la mort du Seigneur réhabilitera les hommes (qui seront désignés dans l’Apocalypse comme ceux qui ont lavé leur vêtement dans le sang de l’Agneau), et recouvrira leur nudité congénitale de la pourpre perdue des enfants de roi. De mystérieuse façon, dans le vaste plan général du Salut, le Christ a voulu partager cette nudité et a accepté, pour nous revêtir de Sa gloire, d’être littéralement dépouillé de ses vêtements. C’est, ne l’oublions pas, son abaissement qui nous relève, et rien d’autre. (Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu Eph : 2,8)

Le vêtement perdu, donné, retrouvé appartient ainsi au réseau des signes que déploie depuis le début de l’histoire de l’homme la générosité de Celui qui réclame notre confiance et à qui, opiniâtrement, nous la refusons.
Signe que la miséricorde de Dieu traverse et accompagne nos vies dans leur intégralité, le vêtement donné en vient à représenter par métonymie la Providence elle-même, que décrit Jésus en ces termes :
« Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement ? Regardez les lys des champs, je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’entre eux. Et si Dieu revêt de la sorte l’herbe des champs, qui est aujourd’hui et demain jetée au four, ne fera-t-il pas bien plus pour vous, gens de peu de foi ! » (Matthieu 6 : 28-29)

Il faut savourer ce « bien plus », car il sert de remède à notre méfiance héréditaire, c’est à dire transmise par Adam, qui l’a reçue de Satan. Car il y a effectivement bien plus, infiniment plus que cet habit temporaire pour lequel nous courons tous en haletant (et que les victimes de la mode ne viennent pas me dire le contraire) : il y a cette extraordinaire faculté que donne le Seigneur à Ses rachetés, c’est à dire à tout un ramassis de pauvres hères trouvés sur les places et au bord des chemins creux, vagabond, désœuvrés et mendiants dans lequel on reconnaît la vision saisissante d’une humanité rendue aux dernières extrémités par le péché et l’ignorance ... d'avoir accès à l’enceinte de la fête !
Dieu, le Maître des lieux, la revêt d’un vêtement de noces et ceux qui seront refoulés seront ceux qui ne voudront pas de cette rédemption. Laquelle passe par la foi au Christ Jésus, l’adhésion à sa doctrine :
"Celui qui croit au Fils a la vie éternelle, celui qui ne croit- pas au Fils ne verra point la vie" Jean 3 : 36

En effet, bien plus que les habits périssables, Dieu accorde vie, santé, amour et tous les biens d’éternelle façon.
Il n’a jamais cessé de le faire depuis qu’il a jeté sur la nudité d’Adam la première tunique, qui annonçait celle dont Il se dépouillerait à la croix pour que nous n’apparaissions plus indignes d’entrer dans la demeure éternelle de sa Fête. Ce Dieu-là est un Dieu scandaleux, scandaleusement injuste avec Lui-même, qui s’abaisse jusqu’à l’anéantissement, fait de nous ses fils et nous hisse jusqu’en ses sublimes hauteurs. Comment ne pas l’aimer, en retour, follement ?

jeudi 13 mai 2010

Ce 13 mai

Un demi-million de personnes ont participé, jeudi 13 mai, à la messe célébrée par Benoît XVI à Fatim

Ce 13 mai revêt une triple importance pour le chrétien du Portugal et du monde entier (c’est ça l’avantage d’être catholique, c’est à dire universel).
En effet trois fêtes confluent ce jour, illuminant la méditation dans une nette perspective de réjouissance. Elles ont un point commun : blancheur et élévation.

La première est la fête liturgique de l’Ascension.
En toute rigueur, si l’on s’en tient à une lecture superficielle du fait de l’Ascension, on pourrait imaginer que c’est un événement triste, puisqu’il marque une rupture dans la présence physique et visible de Dieu sur nos chemins. Mais si l’on y regarde de plus près il n’y a aucune raison de refuser la joie qui sourd des promesse faites par le Seigneur lui-même qui nous assure avant de monter rejoindre son Père et le nôtre, cf Jean 20 :17) qu’il est avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde.

Nous sommes contemporains du Christ au même titre que ceux qui le virent sous sa forme humaine il y a vingt siècles, Il est dans notre vie, palpable par la foi et l’amour tout comme il le fut jadis en Palestine, et sans doute même plus, car la communion Le rend encore plus proche qu’Il ne l’était à ses disciples et amis. Le Christ qui affirme qu’Il est avec nous ne ment pas, il faut simplement L’accueillir et l’aimer à l’intime de soi pour découvrir la vie qu’Il veut nous donner, comme l’ont reçue les éclopés de la vie et de la grâce qu’Il soignait sur les routes de la terre sainte.
L’Ascension démultiplie donc si l’on peut s’exprimer ainsi les grâces que Jésus accorde aux hommes, car elle Lui restitue sa vraie stature de Fils de Dieu sans le dépouiller de sa condition d’homme. Homme et Dieu, Il est doublement attentif aux hommes non encore divinisés par Lui. Avec une double pitié Il se rapproche de nous, joignant à Sa puissance au sein même de la Trinité une perception humaine et solidaire de nos besoins.

Première élévation donccelle du Christ montant vers son Père et notre Père, nous ouvrant le chemin des cieux et nous attirant dans son sillage.

Deuxième tableau à méditer en ce grand jour de fête, celui de la lande de Fatima au centre du Portugal.
Il y a 93 ans, un 13 mai comme aujourd’hui Marie est venue dans l’histoire des hommes parler à des enfants. Elle leur a indiqué un chemin qui passe par la joie, le sacrifice et la solidarité avec les hommes, tous les hommes, y compris ceux qui refusent l’idée même de Dieu ou celle de la rédemption. Les enfants l’ont compris et admis, et sous la tutelle maternelle de Marie, ont gravi le chemin de l’héroïsme avant l’âge de 10 ans.
A ce jour, deux de ces trois enfants (Jacinthe et François) ont été inscrits sur le livre des saints et la troisième, Lucie, qui devait décéder à l’âge de 97 ans au printemps 2005 figurera sans doute un jour à leur côté mais en condition d’adulte.
Retenons de cette date anniversaire du 13 mai que Marie, messagère de Dieu, intervient dans notre histoire au même titre que Jésus, pour nous élever et nous arracher à la succion de la boue, si l’on veut bien considérer que le péché est un enlisement dans des sables mouvants.
Son message à trois enfants très jeunes ni particulièrement disposés ni particulièrement instruits en a fait des saints à une vitesse fulgurante tout en les remplissant de la plus belle des sollicitudes pour le genre humain : en effet ils n’ont jamais cessé de prier et de s’offrir pour les pécheurs.
Marie les a donc conduits très haut sans les déconnecter aucunement de la vie et de la condition humaine. Lucie a pris une autre voie mais sa solidarité personnelle s’est exprimée au moyen d’une vie de carmélite vivant dans l’oblation et l’intercession.

La hauteur à laquelle sont parvenus les enfants de Fatima là encore nous concerne tous, car elle indique un jalon sur notre propre parcours d’hommes qui ne peuvent en aucune façon s’élever sans les autres ou déconnectés des autres. C’est le désir de partager les grâces venues d’En Haut et la sollicitude pour les pécheurs (les enfants ont eu la révélation de l’enfer, ce qui les a rempli de compassion pour les âmes qui risquaient d’y tomber) qui a fait de ces trois jeunes portugais du début du XXº siècle des référents pour notre époque.
Fatima est devenu le lieu ou Marie parle au monde actuel, où elle annonce la victoire de son Cœur Immaculé.
C’est donc un lieu où le Ciel se fait proche, où plus exactement la distance entre le Ciel et la terre apparaît dans sa vérité : elle est infime, le simple battement amoureux d’un cœur en réponse à l’amour de Dieu peut admettre en sa présence selon la promesse du Christ.

On comprend pourquoi le pape a tenu à s’y rendre. Où mieux qu’à Fatima (ou plus de 500 000 personnes l'ont acclamé et suivi tout ce jour) peut-il parler de la proximité du Ciel et de la joie du salut ? Cette journée du 13 mai invite toute la catholicité à s’élever vers Dieu en se laissant porter par l’ascenseur céleste inauguré par Jésus Christ, monté vers son Père et Notre Père, pour inscrire notre nom dans le livre des Cieux et nous revêtir par avance d’un vêtement de fête dépassant en blancheur tout ce que nous pouvons imaginer ou rêver.

mercredi 12 mai 2010

Petites annonce

J-+M
Echange

1. Echange un peu de boue contre une personne
2. Echange un droit d’aînesse contre un plat de lentille
3. Echange un enfant perdu contre un prince
4. Echange cœur de pierre contre cœur de chair
5. Echange fardeau contre repos
6. Echange 5 pains et 2 poissons contre restauration de masse
7. Échange un peu d’eau contre beaucoup de vin
8. Echange une brebis perdue contre tout un troupeau
9. Echange tous les bien-portants pour soigner un malade
10. Echange ta maladie contre Ma santé
11. Echange Mon corps et Mon sang contre ta faim et ton amour
12. Echange le jugement contre le pardon
13. Echange un tombeau vide contre un cœur rempli de paix
14. Echange un instant de vie dans une auberge triste contre une éternité de délices
15. Echange ma paix qui surpasse toute paix contre ton repentir
16. Echange ta foi contre Ma réalité
17. Echange Ma vie et Ma liberté vie contre tes chaînes (donne-les Moi !)
18. Echange Mes blessures pour ta santé
19. Echange tes filets contre une nouvelle technique de pêche
20. Echange ton vêtement souillé contre un bel habit blanc
21. Echange ta pauvreté contre Ma richesse

Visite papale à Lisbonne


J+M

Hier, lors de la visite papale à Lisbonne, notre famille a pu participer à la grande messe en plein air concélébrée par le Saint Père avec un nombre considérable de cardinaux, évêques et prêtres. La foule qui avait répondu à l’appel du Saint Père m’a fait penser à celle des pairies en fleur de l’Alentejo, comme elles multicolore et bigarrée. Avec quelques bonus comme la joie et l’insouciance face aux misères nées de l’organisation, des transports, et des autres contraintes. Cette foule a scandé de joyeux slogans sans se fatiguer pendant deux ou trois heures avant la messe, et a acclamé interminablement l’homme en blanc venu de Rome.
Bento XVI comme l’appellent les portugais a rappelé lors de la célébration le rôle éminent du Portugal dans l’évangélisation de la planète, et le rôle de plusieurs saints portugais dont certains, comme Nuno de Santa Maria, s’ils ont fait l’histoire du Portugal, ne sont sur les autels que de fraîche date.
Il a conclu une homélie somme toute simple et courte, parlant du Christ et de la foi en termes clairs longuement applaudis, par une mention toute spéciale à la Toute Sainte, dont il visitera demain 13 mai, date anniversaire des apparitions, le sanctuaire de Fatima.
Cette visite rappellera que Dieu intervient dans l’Histoire des hommes comme Il l’a fait en 1917 dans cette bourgade portugaise, ce qui, en cette époque de remise en question systématiques de valeurs du christianisme, voire de franche christianophobie apporte du baume au cœur des croyants. Non, Dieu n’est pas devenu sourd. Oui, Il est toujours à l’œuvre. Oui, le Christ nous accompagne aujourd’hui comme il a 20 siècles, Il est au milieu de nous et ne demande qu’à entrer dans nos cours et nos vies pour nous apporter le bonheur. Oui, le message du chrétien est toujours celui-ci. Le pape l’a rappelé avec un plaisir immense et visible devant une foule estimée à plus de 100 000 personnes, peut-être le double, que les lectures de la messe semblaient désigner (et particulièrement Apocalypse 7 : 2-4, 9-14)

On a beaucoup glosé ces derniers temps au sujet du péché de l’Eglise, lui accordant une attention exorbitée. (Compte tenu de son énormité, c’est compréhensible, mais cela ne saurait servir à définir l’Eglise).
Le peuple portugais a apporté une réponse pleine de zèle et d’amour au petit homme frêle venu du Vatican, montrant que pas plus qu’il n’était dupe des tentatives de récupération opportunistes, il n’était frappé d’amnésie. Le Portugal s’est déclaré hier catholique à la face du monde, c’est son honneur et c’est notre bonheur.


samedi 8 mai 2010

Voir l’Alentejo en fleur

Alentejo en fleurs id=
J+M
Voir l’Alentejo en fleurs c’est, devant cette profusion, un vertige. Tant de fragilité accumulée parle curieusement d'une force et porte les traces d’une création fraîchement accomplie, peut-être encore en train d’avancer.
Couleurs, parfums, cette émotion mystérieuse où les sensations se fondent et se rejoignent, quand les tons deviennent sucrés, parfumés ou encore amers. Tant d’harmonie appelle dans l’âme des échos qui vibrent comme en spirale, s’entraînant et se répondant.
Tout d’abord on se surprend à penser à la terre, nue au petit jour, couverte au matin d’un court duvet vert, et à midi exultant des couleurs de l’arc en ciel. Le travail effectué par les rosées et les lunaisons a pu aboutir à cette folle perfection, hélas éphémère. Mais déjà sous la sève sourdent la cosse, la graine et la récolte, et, cachée au milieu des feuilles, l’automne brune est contiguë d’un dépouillement qui se revêtira de gris.
Les pensées de plénitude alternent avec celles qui évoquent la fin et dessinent la geste immense, toujours recommencée, du combat spirituel.

Voir l’Alentejo en fleurs c’est aussi s’incliner en esprit devant la parole du Seigneur qui annonçait jadis cette brève munificence :
Si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs, qui existe aujourd'hui et qui demain sera jetée au four, ne vous vêtira-t-il pas à plus forte raison, gens de peu de foi ? (Mat 6 : 30)

La prairie évoquera donc la Providence. Car, même si nous sommes, en toute rigueur, semblables à cette herbe :
L’homme ! ses jours sont comme l'herbe, Il fleurit comme la fleur des champs. (Psaume 103 :15) ; Dieu se plaît à nous revêtir, depuis les origines, depuis qu’Adam et Eve avaient maladroitement caché leur honte sous des feuilles de figuier. La miséricorde, toujours à l’œuvre, leur avait donné des peaux de bêtes, bien plus douces au toucher.


Voir l’Alentejo en fleurs c’est donc aussi voir une providence bienveillante, qui croit en l’homme et l'invite pour la fête après avoir posé les termes de l’improbable équation qui change un néant en un "moi" capable de dialoguer avec Dieu.