samedi 8 mai 2010

Voir l’Alentejo en fleur

Alentejo en fleurs id=
J+M
Voir l’Alentejo en fleurs c’est, devant cette profusion, un vertige. Tant de fragilité accumulée parle curieusement d'une force et porte les traces d’une création fraîchement accomplie, peut-être encore en train d’avancer.
Couleurs, parfums, cette émotion mystérieuse où les sensations se fondent et se rejoignent, quand les tons deviennent sucrés, parfumés ou encore amers. Tant d’harmonie appelle dans l’âme des échos qui vibrent comme en spirale, s’entraînant et se répondant.
Tout d’abord on se surprend à penser à la terre, nue au petit jour, couverte au matin d’un court duvet vert, et à midi exultant des couleurs de l’arc en ciel. Le travail effectué par les rosées et les lunaisons a pu aboutir à cette folle perfection, hélas éphémère. Mais déjà sous la sève sourdent la cosse, la graine et la récolte, et, cachée au milieu des feuilles, l’automne brune est contiguë d’un dépouillement qui se revêtira de gris.
Les pensées de plénitude alternent avec celles qui évoquent la fin et dessinent la geste immense, toujours recommencée, du combat spirituel.

Voir l’Alentejo en fleurs c’est aussi s’incliner en esprit devant la parole du Seigneur qui annonçait jadis cette brève munificence :
Si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs, qui existe aujourd'hui et qui demain sera jetée au four, ne vous vêtira-t-il pas à plus forte raison, gens de peu de foi ? (Mat 6 : 30)

La prairie évoquera donc la Providence. Car, même si nous sommes, en toute rigueur, semblables à cette herbe :
L’homme ! ses jours sont comme l'herbe, Il fleurit comme la fleur des champs. (Psaume 103 :15) ; Dieu se plaît à nous revêtir, depuis les origines, depuis qu’Adam et Eve avaient maladroitement caché leur honte sous des feuilles de figuier. La miséricorde, toujours à l’œuvre, leur avait donné des peaux de bêtes, bien plus douces au toucher.


Voir l’Alentejo en fleurs c’est donc aussi voir une providence bienveillante, qui croit en l’homme et l'invite pour la fête après avoir posé les termes de l’improbable équation qui change un néant en un "moi" capable de dialoguer avec Dieu.

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