mardi 22 mai 2012

Notre Père 4 Que ton règne vienne



Infini dans ses splendeurs, Dieu, de qui vient toute paternité,  (Ep 3:15)   père de tout ce qui est vivant et de tout ce qui a été créé, Dieu est aussi vraiment Roi, il est même le Roi des Roi, celui qui fait et défait les empires. Qui tisse les cœurs de ceux qui règnent éphémèrement. Dieu règne vraiment, sans aucune limite à sa puissance, ce Dieu qui appelle les étoiles par leur nom, (Psaume147:4) nom qu’il connaît mieux que personne puisqu’Il les a créées.

Ce Roi fait ce qu’il veut, sa volonté est loi, et sa parole crée. Dieu dit, et cela est. On peut le lire dès les premières lignes du premier livre de la Bible.  
Dieu dit : Que la lumière soit et la lumière fut. (Gn 1 :3)
La seule limite qu’Il admette c’est celle de la liberté de l’homme son fils. Car Dieu n’a que faire d’un esprit qui serait programmé pour le révérer. Ce qu’il désire, c’est un cœur qui librement le cherche, le trouve et l’invite.
Là est le secret du bonheur. Quand je me découvre fils d’un tel Roi, je prends conscience la noblesse immense de mon origine ; j’entre dans une relation de confiance qui n’ôte rien au respect et j’accepte que Sa royauté s’exerce sur cette parcelle de Terre qui est mon cœur.
« Que Ton règne vienne » est une prière qui invite donc Dieu, qui L’accueille en toute connaissance de cause pour qu’il règne sur ma vie depuis le trône de mon cœur, non par la force, puisque cela ne L’intéresse pas, mais par amour et confiance. Ainsi l’âme peut crier « Je sais que tu es roi, que tu fais toute chose avec sagesse et par amour, je t’invite donc à étendre ton règne que tu as volontairement réduit pour respecter ma liberté. Cette liberté je te la donne et je sais que par un de ces renversements dont Ton évangile a le secret, c’est cela même qui me rendra libre, Ta présence et Ton amour en moi me donneront une liberté que nulle fortune, nul pouvoir, nul empire ne sauraient jamais me donner ».
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Les armes du combat

Adonaï règne, exulte la terre  Ps 97 :1

(la terre, ici, c’est moi !)

jeudi 22 mars 2012

Notre Père 3 :


J+M
Que Ton nom soit sanctifié

C’est l’appartenance au Nom de Dieu qui sanctifie les créatures.
Que ton Nom soit sanctifié peut être compris comme « que Ton nom soit prononcé par des lèvres qui se sanctifient en le faisant ».
Digne es-tu en tout temps d’être Loué par de saintes voix dit le tropaire, citant l’Apocalypse.
Quel est ce nom ?
Il s’agit bien sûr du nom de Père, celui que Jésus est venu révéler. Sanctifier le Nom du Père c’est affirmer sa paternité sur tout notre être, sur nos actions, nos devenirs, nos projets.
C’est avant tout reconnaitre que nous sommes créés par Lui par amour et pour l’amour. C’est demander amoureusement à Celui qui nous aime de nous aider à devenir tels qu’il nous imaginés. Dans son projet créateur nous sommes vraiment nous-même et non une ébauche abimée par les coups de la vie et les ennemis.
C’est donc demander à Dieu de nous donner pour l’amour de son nom une vie qui fasse que l’on soit reconnus comme enfants du Père.
Sanctifier et glorifier le nom de Dieu est la plus noble des aspirations du chrétien qui peut le faire par sa vie tout entière.
Certaines âmes un peu candides et mal informée ont cru reconnaître dans le nom du Père celui de Jéhovah. Or ce terme pose problème car il est en fait une sorte d’assemblage codé des consonnes formant le nom de Celui qu’on n’avait pas le droit de nommer selon les préceptes de l’Ancien Testament. Le reconstituer en Jéhovah, comme l’on fait certains traducteurs de la bible, dont le catholique chanoine Crampon est un abus, un raccourci malencontreux, une piste que n’ont pas suivie les autres exégètes.
S’il fallait une preuve, celle que donne le Seigneur lui-même devrait suffire : quand il dit « que Ton Nom soit sanctifié », Il vient de prononcer ce nom et il a dit, avec simplicité et amour : « Père »
J+M
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Les armes du combat
Daniel prit la parole et dit : Béni soit le nom de Dieu, d'éternité en éternité ! A lui appartiennent la sagesse et la force. Dn 2:20

Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire et l'honneur et la puissance ; car tu as créé toutes choses, et c'est par ta volonté qu'elles existent et qu'elles ont été créées. Ap 4:11

vendredi 16 mars 2012

Notre Père 2 : Qui es aux Cieux


Qui es aux Cieux

Qui es aux Cieux. L’apparente localisation ne doit pas nous confondre. Il n’y a aucun distinguo entre les cieux, territoire de Dieu, et la terre, mais plutôt une connivence que le souci pédagogique de la prière de Jésus nous apprend à reconnaitre. Les Cieux sont aussi là où le Père est. « Les Cieux » ne sont donc pas le contraire de « la terre », mais, vus d’ici ils représentent une citoyenneté voulue et désirée par Dieu pour l’homme qui en était exclu. Jésus l’a proclamé : le Royaume des Cieux est proche ! Or, par le baptême en Christ, nous en sommes devenus les habitants, et nous habitons déjà par la foi avec le Père.
Qu’est-ce que cela signifie concrètement pour nous ?
En premier lieu que nous avons un rôle à jouer dans ce royaume, nous qui avons reconnu Dieu comme Père. Comme on le fait dans les familles, nous ferons les œuvres que le père enseigne et demande. Nous mettrons ainsi un peu plus de Ciel sur la terre.
Du Père vient tout –absolument tout- le bien que l’on peut faire.  Nous entrons dans le bien qui vient de Dieu pour accomplir ce que Dieu attend de nous, pour devenir ce que nous sommes en Lui. Nous le faisons malgré toutes nos connivences intimes avec ce mal, et sans cesser un instant de savoir que sans Jésus nous ne pouvons rien faire. Ce faisant, loin de confiner Dieu dans les sphères célestes, nous hissons en quelques sortes la terre un peu embourbée quelquefois, il faut bien le reconnaître, vers la dimension céleste, c'est-à-dire celle que crée Dieu par sa proximité.
   Notre Père qui es aux Cieux peut donc se comprendre ainsi : notre Père par Ta présence et ta grâce tu nous donnes la possibilité, alors que nous en sommes plutôt incapables, de faire le bien sur cette terre pour qu’elle t’appartienne et réfléchisse la gloire du Ciel. Tu es aux cieux et nous y sommes avec toi puisque nous sommes tes enfants.
Quel Père accepterait volontairement de se tenir loin de ses enfants et de les éloigner de lui ? Non, Dieu n’est pas un tel père, mais c’est Celui qui par sa présence donne à la terre de devenir ciel, à l’homme, tenté par l’état de brute, de devenir pleinement homme, pleinement fils, pleinement héritier de la gloire de Dieu.
 L’Immense majesté de Celui qui habite les cieux ne perd pas un atome de sa splendeur en admettant la Terre à y collaborer.  C’est au contraire une exquise preuve de confiance, de la part de Dieu, que de nous associer à son œuvre créatrice : elle nous permet de grandir en continuant l’œuvre qu’il a commencée en nous. Ce faisant, nous lui rendons gloire et nous montrons que nous sommes bel et bien les enfants d’un tel Père.

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Les armes du combat 

Allez, prêchez, et dites : Le royaume des cieux est proche.  Mt10: 7


mercredi 14 mars 2012

Notre Père


J+M
Note préliminaire.
Voici que ce blog commence, en toute humilité, une médiation sur le Notre Père. Tout a été dit sur le Notre Père, et par les plus grands. Alors pourquoi ajouter une goutte d'eau à la mer ?  
Peut-être parce que la mer veut bien avoir besoin de cette goutte d'eau. Chacun de nous est unique, et le Père aime chacun d'entre nous de façon unique. Donc j'y vais aussi de ma sérénade pour dire à Dieu que je l'aime, même si je sais que les grands orchestres symphoniques se sont déjà exécutés sur ce thème.


Aujourd'hui ce sera simplement quelques lignes sur ces deux mots :  "Notre Père"


Un père du désert méditait, disait-on, depuis plus de quarante années sur le Notre-Père. On vint le voir et on lui demanda où il en était arrivé de sa médiation. Il répondit : j’en suis à « Notre Père ». Cette histoire en forme de boutade nous aide à nous resituer devant l’évidente perfection de la prière dite dominicale (enseignée par le Seigneur qui se dit « Dominus » en latin), la prière qu’aucune pensée humaine ne pourra jamais contempler complètement : c’est le Seigneur qui nous l’a donnée.

Notre Père donc. Notre est pluriel, c’est un collectif. Un chrétien n’est pas seul dans sa relation avec Dieu, il entre dans une immense et vaste fraternité appelée aussi communion. On y voit, si on veut et si on le peut l’image de l’Eglise comme groupe, comme famille, comme ensemble fait d’êtres uniques qui se reconnaissent, s’unissent par le cœur et l’envie d’adhérer à un projet qui les dépasse et les grandit. C’est le Notre que pourraient dire en parlant  d’eux les disciples d’Emmaüs. Pourquoi ? Parce qu’ils sont un groupe, qu’ils marchent, qu’ils sont accompagnés de Dieu, qu’ils comprennent les Ecritures et qu’ils partagent le pain avec Jésus. A propos il est d’ailleurs probable que ces disciples aient reçu directement du Seigneur lui-même cette prière.

Notre Père, mieux que Mon Père, même si  la folle audace de se déclarer fils de Dieu autoriserait aussi le singulier. Dieu est manifesté dans cette invocation : quand on dit notre Père, Dieu tend l’oreille. Peu à peu Son visage se dessine en nous, dans la confiance restaurée par la médiation christique. Ce n’est plus le tyran tel que se le représente un Caïn coupable du terrible fratricide, mais un Père, aimant et attentif, comme pouvait l’être celui qui agréa le sacrifice du doux Abel ou qui appela Abraham par son nom sans qu’il en pérît de frayeur.

 Un père protège, il n’épouvante pas. Il y a comme un parfum d’Eden retrouvé dans cette invocation, quand Dieu venait le soir dans la fraicheur (Genese, 3:8)  converser avec ses enfants. Ils ne le craignaient pas et bénéficiaient de sa radieuse présence.
L’alliance des mots notre et père fait aussi jaillir naturellement la notion de famille : la fraternité en découle comme une évidence. Je dis Notre Père et je ne suis plus seul, mais bien entouré d’une multitude de frères. Je dis Notre père et je suis en église et je suis l’église, et l’oreille de Dieu se fait attentive. Quel honneur !
En disant Notre Père je résiste à la tentation d’être auto créé, autogéré, autosuffisant, voire autonome. Je sais que je ne me suis pas fait tout seul et je m’inscris dans une lignée qui remonte à Dieu. Cette reconnaissance n’est pas un asservissement mais bien une délivrance, car la liberté nous rend libre, selon la promesse du Christ que l’on trouve dans le livre de Saint Jean au chapitre 8.
Libre du chaos du monde, de l’absurdité de la destinée, de l’errance chargée de pierres et de chaînes que voudraient imposer les chantres du ni Dieu ni maître qui ont choisi Sisyphe pour emblème. J’accepte que ma vie soit ordonnée à une volonté bienveillante, que les épreuves éventuelles ont pour but de me faire grandir car Dieu peut tirer le bien du mal si je le laisse agir en ma vie. En disant Notre Père je m’installe dans une relation de confiance et j’ouvre les yeux pour contempler les miracles que Dieu fait à chacun des battements de mon cœur.
Enfin, le Notre Père est une prière à la Trinité Sainte.
Je m’adresse au Père avec Jésus. C’est grâce à lui que Son Père devient le mien. Et c’est l’Esprit d’amour de Dieu qui me donne cette confiance filiale qui me permet de dire Père (Abba) à un Dieu qui pourrait sembler si lointain si je me limitais à Le contempler depuis ma perspective.
Peu de prières sont aussi courtes que celle-ci.  Dieu y est tout entier et il suffira que je répète ces deux mots avec amour pour qu’il soit tout entier dans mon cœur.


Les armes du combat :
Vers mon Père et votre Père   
Jésus lui dit : Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. Jean20:1
C’est l’Esprit Saint qui fait de vous des enfants de Dieu et qui nous permet de crier à Dieu : "Abba, Père Rom 8 15
...Fils d'Énos, fils de Seth, fils d'Adam, fils de Dieu. Lc 3:38    
...Et vous connaîtrez la vérité et la vérité vous libérera. Jean 8 :32

mercredi 22 février 2012

Entomologie de Carême


Trouvé dans les sermon pour le mercredi des Cendres de Saint François de Salles cette apologie de l'abeille vs l'araignée tout à fait délicieuse 

 Ne paraissez point plus vertueux que les autres, contentez-vous de faire ce qu'ils font ; accomplissez vos bonnes oeuvres en secret et non pour les yeux des hommes. Ne faites pas comme l'araignée, qui représente les orgueilleux, mais comme l'abeille, qui est le symbole de l'âme humble. L'araignée ourdit sa toile à la vue de tout le monde et jamais en secret; elle la va filant par les vergers, d'arbre en arbre, dans les maisons, aux fenêtres, aux planchers, en somme sous les yeux de tous : elle ressemble en cela aux vains et hypocrites qui font toutes choses pour être vus et admirés des hommes ; aussi leurs oeuvres ne sont-elles que des toiles d'araignées, propres à être jetées dans le feu d'enfer. Mais les avettes sont plus sages et prudentes, car elles ménagent leur miel dans la ruche où personne ne les peut voir, et outre cela elles se battissent des petites cellules où elles continuent leur travail en secret; ce qui nous représente fort bien l'âme humble, laquelle est toujours retirée en soi-même, sans chercher aucune gloire ni louange de ses actions, mais elle tient son intention cachée, se contentant que Dieu la voie et sache ce qu'elle fait.
(merci à l'ICRSP qui l'a mis sur son site).

J'aime beacoup le terme "avettes" ,mots ancien pour signifier abeilles, on l'aura compris.

samedi 11 février 2012

Le baptême du Christ (Suite)

Eau du côté du Christ, lavez-moi
Continuons sur cette contemplation de l’eau. Celle du Baptême nous a fait entrevoir déjà fugitivement, par un de ces retournements spectaculaires qui sont le privilège des concepts évangéliques, l’eau jaillie du côté de Jésus au Calvaire. Cette eau que Saint Ignace, qui ne s’y trompait pas invoquait en ces termes “ Eau du côté du Christ, lavez-moi”.
Cette eau vint donc à manquer à Celui qui est la source de la vie, à celui qui a dit un jour, avec force comme le rapportera Saint Jean “ celui qui a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive”.
On Le verra au moins deux fois demander de l’eau. La première, à la Samaritaine au puits de Jacob. La deuxième au Golgotha. Comment ne pas être saisi d’un respectueux vertige devant cette immolation de la Source qui devient soif ?

Et si cette soif dure encore, c’est que Dieu nous fait cet honneur de nous laisser Le désaltérer en lui donnant nos cœurs et notre amour.