
J+M
Jour de Noël
Une
visite à la crèche s'impose aujourd'hui, mais le chemin est long et rempli
d'obstacles. Nous avons eu du mal à comprendre que le Seigneur voulait naître
dans une étable aussi vétuste et froide, et une fois que ceci fut admis, la
plupart d'entre nous ont refusé d'accepter que cette étable puisse figurer nos cœurs
sordides, crottés et glacés.
Enfin
nous avons pu nous approcher de ce lieu béni, il a fallu pour cela éviter de
denses agglomérations d'affreux pantins rougeâtres, des montagnes de
victuailles, des amoncellements hétéroclites d'objets à offrir divers. Et il
est bien tard. Comme dans le cantique traditionnel, le saint couple seul veille
sur l'Enfant qui sommeille. Soirée d'hiver. La bise est tombée juste après la
messe de minuit ; le froid est vif. Quelques menus éclats de lumière d'ange
sont accrochés encore aux buissons environnants. Hélas les anges sont déjà
repartis, les bergers aussi. Tout le monde nous a précédés pour adorer esprits
bienheureux et hommes, il ne reste avec Joseph et Marie que les animaux de la crèche.
Or, est- ce parce qu'en cette sainte nuit la Création est devenue plus
transparente aux projets du Créateur ? les animaux prêchent eux aussi.
Qui
sont-ils ? Un inventaire rapide permet de trouver à la crèche un bœuf, un âne,
des moutons (peut -être offerts par les bergers venus partis tout à l'heure),
un groupe de petites chauves-souris sous les poutres de l'étable et un lézard
en train d'hiberner.
Ils
sont très près de l'enfant Dieu et leur attitude sanctifiée par Son haleine
sainte délivre un message au peuple de fidèles venus adorer.
Voici
ce que dit le bœuf, cette montagne de force et de mansuétude qui a l'incroyable
privilège, sans cesser de ruminer, de pouvoir réchauffer le Seigneur de son
souffle. Il nous invite à en faire autant ! A Le réchauffer lorsqu'Il a froid,
sans interrompre le cours de nos terrestres besognes ! Le bœuf est cette nuit
devenu un spécialiste de la prière du cœur, de la philocalie, il pose aux croyants un
aimable défi : nous laisserons nous vaincre en dévotion par une bête de somme
ou accepterons nous de souffler avec douceur des mots d'amour à Celui qui vient
habiter l'étable de nos âmes et tenter de la diviniser?
L'âne
- peut être celui qui a porté Marie depuis Nazareth – est avec le berceau
de la crèche le seul trône connu
du Fils de Dieu, avant celui de la croix qui sera le
dernier où Jésus sera glorifié sur cette terre. Son message est toujours le même
; à Bethleem ou à Jérusalem le dimanche des Rameaux : Je porte le Seigneur
infatigablement.
Serons-nous
assez humbles et assez résistants pour porter Celui qui nous porte, tout
particulièrement pour conduire Jésus vers les autres, ceux qui ne le connaissent
pas ?
Les
moutons sont l'offrande des plus pauvres c'est à dire des bergers. Obéissants
et humbles ; ils donnent laine, lait et même leur vie pour leurs maîtres ; à
telle enseigne qu'ils sont devenus les victimes par excellence. Jésus lui-même
sera désigné aux disciples par St Jean Baptise comme l'Agneau de Dieu. (Jean
1;36).
Obéissants
; ils font tout avec confiance. Leur leçon est exemplaire ; elle nous rappelle
que Jésus est aussi notre berger, qui nous fera paître les vertes prairies de
l'Eternité sous sa houlette aimable si nous acceptons d'obéir.
Les
petites chauves-souris hibernaient benoîtement dans cette étable abandonnée
lorsque la naissance merveilleuse de Jésus les a tirées de l’engourdissement.
Elles ont eu le privilège de Le contempler avant les oiseaux, d'être les
premiers témoins de la grande lumière donnée au peuple qui marchait dans les
ténèbres. Leurs habitudes ont été bousculées par Jésus, mais elles ne s’en sont
pas émues et ont eu la récompense immédiate de pouvoir aider la nuit à
faire à la nuit le récit des prodiges du Seigneur (Psaume 19; 2) .
Elles
nous enseignent à leur manière l'abandon à la Providence, qui permet de voir au
quotidien la gloire de Dieu dans les endroits et les moments les plus inattendus
; il est avéré que depuis cette date les chauves-souris chantent toutes les
nuits en langage ultrasonore à notre intention : "Je te dis que si tu
crois tu verras la Gloire de Dieu" (Jean 11; 40) mais je ne suis pas bien
sûr que leur message soit toujours bien reçu.
Enfin,
le lézard, autre hibernant de cette nuit d'hiver nous enseigne en silence mais
avec éloquence à resplendir pour le Seigneur. Le petit reptile était endormi,
insignifiant, son sang froid battant à une pulsation par minute. Dieu survint,
et l'animal baignant alors dans la lumière incréée s'est mis à La réfléchir si
bien qu'il s'est paré d'une intense beauté. Si beau que nul palais au monde n'a
jamais eu, et n'aura jamais un tel ornement. Ni l'or le plus fin, ni le jaspe
le plus pur jamais ne réfléchiront la lumière comme le fit l'humble lézardeau
de la crèche pendant la nuit de Noël.
Il
nous informe de l'attitude à avoir lorsque Dieu s'approche (et tout
particulièrement dans la communion). Pour le lézard les choses sont claires :
si un reptile exposé à la Lumière se charge de tant de beauté, nous qui
L'accueillons dans notre corps avons forcément (je cite l'animal de Palestine)
l'obligation de resplendir de façon visible après avoir reçu la Lumière née de
la Lumière.
Les armes du combat :
Avec le bœuf
Seigneur Jésus, Fils de David prends pitié de moi pécheur
Avec l'âne
Zacharie
9.9 :
” Tressaille
d'allégresse, fille de Sion ! Pousse des acclamations, fille de Jérusalem !
Voici que ton roi s'avance vers toi ; il est juste et victorieux, humble, monté
sur un âne - sur un ânon tout jeune. 9:10 Il supprimera d'Éphraïm le char de
guerre et de Jérusalem, le char de combat. Il brisera l'arc de guerre et il
proclamera la paix pour les nations. Sa domination s'étendra d'une mer à
l'autre et du Fleuve jusqu'aux extrémités du pays.”
Avec les moutons :
Psaume
23
Le seigneur est mon Berger, je ne manque de rien
Avec les chauves -souris :
Jean
11; 40
Je te dis que si tu crois tu verras la Gloire de Dieu
Avec le lézard :
Isaïe
60, 1 - 6
Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire
du Seigneur s'est levée sur toi.
Regarde : l'obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi.
Regarde : l'obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi.