jeudi 18 février 2010

Le pacte

Cathédrale de Saragosse
La Création d'Adam (Détail)
J+M
Carême, 2º jour


Choisir d’être au désert avec Jésus qui y prend des forces, c’est se préparer avec Lui à entrer dans une mission à laquelle notre condition d’humains nous prédestine. Tout à la joie de la contemplation de l’Esprit de Dieu en train de nous créer, il nous faudra aller plus avant, et passer ainsi de la contemplation à l’adoration, car c’est cette démarche qui nous fait grandir et devenir l’homme que Dieu pétrit chaque jour par l’action délicate de ses mains, action que certains appellent providence.
On a eu l’occasion sur ce blog d’évoquer la notion d’hypostasie, et on ne s’est pas effarouché de ce mot peu courant mais bien utile pour exprimer la juxtaposition de deux natures, celle de Dieu et celle de l’homme. Il concerne la double nature de Jésus Christ, vrai Dieu et vrai Homme.
Or ce remarquable privilège n’est-il pas déjà préfiguré dans la création d’Adam ?
En effet dans le baiser que reçoit la terre et qui anime l’homme -au sens strict, en lui donnant une âme- la nature divine et la nature humaine sont intimement liées dans un élan d’amour.
La reconnaissance filiale que devrait donc éprouver tout être humain au souvenir de sa création a été gravement blessée par le péché originel, on le sait. Et pourtant nous sommes toujours bel et bien appelés à devenir porteurs de Dieu, unis à Dieu, et la vie éternelle que nous attendons n’est rien d’autre qu’une restauration de cet élan hypostasique.
Bonne nouvelle : l’image et la ressemblance que Dieu a désiré inscrire en chaque être humain deviennent effectives dans le Christ qui les porte parfaitement et nous les restitue. En quelque sorte, le Christ est ce baiser d’amour de Dieu pour chaque homme qui nous rend notre liberté et notre vocation à être porteurs de cette double nature.
Au désert Christ se prépare à cette immense restauration car c’est en Lui que chaque homme renaît. Lui qui est l’amour de Dieu, il se fait le baiser créateur de Dieu pour chacun de nous. Et nous, sans lui nous ne serions qu’une terre rendue inanimée par le péché, le refus ou la simple ignorance.
Enfin si en toute rigueur la création eut lieu au Jardin, c’est souvent au désert que nous trouvons Dieu pour être par lui recréés.

Il y a toutes sortes de déserts et notre monde ne semble pas se lasser d’en produire de nouveaux, comme ces déserts urbains où les sourires sont si rares et les contraintes si fortes, ces déserts des campagnes déshumanisées et donc dédivinisées où les portes des églises sont fermées et les gens ne se connaissent plus, voire même ces désert des foyers où s’entassent des biens de consommation et se raréfient les signes de piété et d’amour.
Par chance, tout désert est propice au face à face avec ce Dieu qui nous aime d’un tel amour.
Moïse y a jadis rencontré un buisson ardent qui disait Dieu, définissant très nettement le pacte hypostasique : de même que le feu, -divin-, ne consume pas le buisson -terrestre- l’arrivée et l’installation de Dieu dans nos cœurs loin de les consumer leur restitue leur vraie dimension.
Cette règle est valable pour toute l’humanité : c’est dans nos déserts personnels, intimes, ces lieux où nous nous dépouillons de nos certitudes et de nos pauvres boussoles folles qui n’indiquent jamais le bon Nord, ces lieux de solitude et d’errance mais aussi de disponibilité que nous avons le plus de chance de trouver Dieu.

2º rose du désert :

je veux l'attirer et la conduire au désert, et je parlerai à son cœur.

1 commentaire:

  1. faire de nos vies un lieu plein d'amour pour y fuir les déserts que tu évoques...

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