
Le mois de juillet liturgique commémore des femmes vaillantes et fortes en grand nombre. J’aime ces figures féminines, ces Judith et ces Esther modernes, ces saintes et ces docteurs qui nous aident sur la route de la vie chrétienne par leur exemple et leur compagnie. Elles nous introduisent dans l’action, nous servent de modèle dans les épisodes de combat spirituel et, bénéfice non négligeable, dispersent les accusations de misogynie dont on crible injustement l’Eglise.
Le lisboète d’adoption que je suis
chérit la figure de Sainte Isabelle du Portugal, née dans la famille royale de
Castille, reine, épouse, femme, fille et mère de rois qui mourut dans la
pauvreté choisie d’un couvent à Coimbra où sont vénérés ses reliques (son corps
incorrompu est exposé à la vénération des fidèles une ou deux fois par siècle,
sans doute à la date du 4 juillet jour de sa fête).
Sainte Margueritte, fêtée le 20 est
une autre de ces héroïnes ayant préféré la noblesse céleste aux splendeurs de la
cour.
Sainte Madeleine est fêtée le 22 et
aujourd’hui l’Eglise célèbre sa sœur, sainte Marthe.
Or en ce 29 juillet, mon blog de
méridional en exil s’associe modestement à cet hommage liturgique rejoignant
par le cœur les habitants de la ville de Tarascon en Provence dont elle est la
patronne.
Marthe, sœur de Lazare et de
Marie-Madeleine a cet honneur insigne d’avoir été hôtesse
du Christ. (Lc 10:38) Elle figure à ce titre dans l’Evangile.
Il est probable qu’elle accompagnait sa jeune sœur et Marie la Mère de Jésus au
Calvaire avec les autres saintes Femmes. Après la dispersion des croyants de
Jérusalem au tout début de l’ère chrétienne, l’histoire raconte qu’elle
s’embarqua avec Lazare (qui devint évêque de Marseille) et sa sœur et arriva en
Provence qu’elle évangélisa. Sa prédication fut appuyée par des miracles de
grande ampleur, comme celui de libérer les bords du Rhône d’une sorte de
monstre du Loch Nech ou dragon, épouvantable bestiole appelée tarasque qui dévorait les gens du cru après
les avoir terrorisés. Marthe le réduisit, à leur demande, par sa prière et le
lia avec sa ceinture. Il fut ensuite abattu par les habitants dont on imagine
le soulagement et qui dans la foulée se convertirent à la foi de cette vierge
impétueuse.
Sainte Marthe, comme tous les saints,
est un modèle, une balise sur la route du croyant. Ce qu’il y a d’intéressant
pour le chrétien du XXIème siècle c’est que ses prodiges et privilèges nous
concernent tous, car nous sommes tous appelés à accomplir ses œuvres, chacun à
notre mesure.
Ainsi, le privilège d’avoir le Christ
pour hôte ne lui est pas réservé, nous pouvons en faire autant en L’accueillant
dans la prière, dans la communion, et dans les pauvres. On ne Le trouvera guère
ailleurs. Et on se souvient qu’il Lui arrive de frapper à la porte de nos
cœurs. « Voici que je me tiens à la porte et que je frappe... » (Ap 3, 20).
Peut-être comme elle, en compagnie du
Seigneur, goûterons-nous la joie très douce d’assister à la résurrection d’un
être cher. Marthe a vu son frère Lazare sortir du tombeau, et sa sœur Marie
revenir d’une vie très dissolue.
Elle est à ce titre la sainte à
invoquer si l’on désire obtenir la grâce d’une conversion chez un proche. Car
des deux miracles que fit le Seigneur dans sa famille le plus éclatant a été
celui de rappeler à la vie l’âme de Marie de Magdala. La résurrection de son
frère Lazare, si elle est " techniquement " plus difficile, est
infiniment plus simple pour Dieu qui respecte toujours la liberté de ses
enfants. Dieu a ressuscité Lazare à son insu. Mais Marie a dû coopérer,
accueillir et accepter l'œuvre de Dieu en son âme pour être convertie et en
voir sortir, rapporte l'Evangile, sept
démons.
Avec le secours de la prière de la
Sainte, peut-être nous aussi aurons-nous aussi le privilège d’avoir notre nom
inscrit dans le Livre saint de Dieu, comme le sien l’est dans l’Evangile (Luc.
10, 20).
S’il nous faut partir pour un voyage
spirituel, prenons-la en notre compagnie et invoquons-la. Son courage et son
travail de prédication en Provence ont été couronnés de succès.
Enfin, lier et attacher une tarasque
anthropophage est une affaire plus compliquée. Il faudra peut-être, toujours
avec le secours de la sœur de St Lazare, y voir une invitation à attacher nos
passions, ces monstres redoutables capables de nous détruire par les feux de la
convoitise, de la jalousie ou des appétits mondains. La ceinture, on l’a vu,
aide à les contenir. On se rappellera avec Saint Paul quelle est la
panoplie complète pour ce combat dans lequel la ceinture
représente la vérité.
Sainte Marthe, priez pour nous !
Eloignez-de nous le mensonge, le nôtre
et celui du monde !
***
Lc 10:38- Comme ils faisaient route, il entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. (Lc 10:38 )
Marthe, Marthe, tu te soucies et t’agites pour beaucoup de choses ; pourtant, il en faut peu, une seule même. C’est Marie qui a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. (Luc 10 : 41-42).
Cependant, ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez -vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux. (Luc 10, 20).
C'est pourquoi, prenez toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir résister dans le mauvais jour, et tenir ferme après avoir tout surmonté.
Tenez donc ferme : ayez à vos reins la vérité pour ceinture; revêtez la cuirasse de la justice;
mettez pour chaussure à vos pieds le zèle que donne l'Évangile de paix;
prenez par-dessus tout cela le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du malin;
prenez aussi le casque du salut, et l'épée de l'Esprit, qui est la parole de Dieu.
Faites-en tout temps par l'Esprit toutes sortes de prières et de supplications. Veillez à cela avec une entière persévérance, et priez pour tous les saints. (Ephésiens 6 : 13-19)