lundi 3 août 2009

Aujourd’hui même en paradis





La rencontre hier avec cette effigie du Seigneur garrotté dans l’attente du jugement et de la crucifixion actualise en moi les images de la Passion, et ce sont les dernières Paroles du Christ qui hantent mon "lambeau de prière" ce soir.

Aujourd’hui même tu seras avec Moi en paradis. 
(Luc 23; 39-43)

Quelle merveilleuse promesse, prononcée à un tel moment !

Au Calvaire, deux hommes et un Dieu.
Deux malfaiteurs qui nous représentent parfaitement. L'un accepte le salut, l’autre le refuse. Voilà notre histoire commune ainsi figurée. Car nous allons tous mourir un jour ou l’autre et nous aurons à accepter ou non ce salut en cette heure ultime.
Ce qui m’impressionne dans cet épisode c'est que notre humanité est figurée par deux larrons. Deux voleurs. Or n’est-ce pas là un raccourci saisissant de notre condition ? Qu’est-ce que l’homme non encore racheté si ce n’est un voleur ? Suivant en cela les traces d’Adam, qui s’est emparé d’un privilège que Dieu même lui réservait pour plus tard, l’homme vole des tas de choses. C’est malheureusement inhérent à la nature humaine déchue que de vouloir s’emparer de ce qui n’est pas à soi. Argent bien sûr. Mais aussi terres, limites, objets. Et encore réputation, estime, curriculums, temps. Pour finir, last but not least, vol systématique du tribut de reconnaissance et d’adoration dû à Dieu.
En pourcentage, combien de temps pour moi et combien de temps pour Toi mon Dieu dans ma journée ? Quel pourcentage de mon salaire va aux pauvres et à mon église ? Enfin, parce que des choses plus graves se passent dans l’indifférence générale, combien de docteurs et de savants décident de gérer eux mêmes le mystère de la vie, et s'emparent ce faisant de l'une des principales prérogatives de Dieu, qui est de donner – et de reprendre– la vie ?

Ce mot voleur dans la Bible n’est certes pas indifférent. C’est ainsi l’épithète que Judas mérite sous la plume de Jean, qui le qualifie ainsi dans son Evangile, lui qui connaît son crime et l’a côtoyé environ trois ans, pendant la vie publique du Seigneur.

Ce voleur fils d’Adam, ce Judas en résumé, c’est nous, c’est moi.
Ne cherchons pas une représentation du larron racheté : c’est la nôtre. Nous sommes rachetés par la Miséricorde en tant que voleurs, parce que voleurs. Parce que fils d’Adam.
Parce que moi aussi je suis un Judas en puissance. Parce que je ne puis imaginer que Dieu va me combler de tant et tant de bienfaits, de richesses, de gloire. Alors cette faim que j'ai de grandes choses, je la trompe par un abaissement, une descente dans la fange, et c'est là que Tu viens me chercher, ô Christ !

Et quelle profusion de rachat en échange d’un élan du cœur de ce pauvre homme ! La paradis aujourd’hui même. Le purgatoire est fait sur la croix et la souffrance odieuse, injuste du condamné (exécute-t-on un semblable pour une bourse volée ou une maison dévalisée ? C’est un autre débat) s’associe à celle du Rédempteur pour produire un merveilleux fruit de salut et faire entrer une âme dans le royaume parmi les premières.
Saint Bon Larron, associe ta prière à la nôtre et obtiens de Dieu qu’Il nous fasse désirer les biens éternels, et que, les désirant, nous soyons déjà comblés.

***
Jn 12:6
Mais il (Judas) dit cela non par souci des pauvres, mais parce qu'il était voleur et que, tenant la bourse, il dérobait ce qu'on y mettait.

5 commentaires:

  1. FRED
    C'est un régal que de lire tes textes.
    Merci!

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  2. Bien écrit mais ici, moi je n'adhère pas... malgré ta démonstration séduisante je ne me sens pas du tout dans la peau du voleur, sous aucune des formes que tu envisages. Je ne te suis pas dans cette vision un peu auto flagellante (tu vas hurler je sens !!!) ma filiation divine me donne une vache de fierté et pas du tout envie de me battre la coulpe, même si je fais des bêtises. Pas cohérent pour moi, l'amour divin ne s'embarrasse pas de pareils décomptes. Il m'aime; point. Et ce qu'Il m'a donné Il ne me le reproche pas. Même et y compris ma liberté d'en mal user. C'est ça être parent que diantre !

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  3. Hé bien moi j'adhère aux textes de FRED (celui ci et les précédents) et me sens interpellé. Permettez moi de partager avec vous pourquoi:

    Le coût d'opportunité! Argl que viens faire ce terme économiste barbare ici? C'est quoi la valeur de l'alternative la plus précieuse à laquelle je renonce quand je choisi d'utiliser mon temps de telle ou telle façon?

    Dans ma façon d'utiliser cette ressource limitée qui est le temps qui m'est donné, je me sens un voleur. Et savoir que Dieu pardonne les voleurs me rassure :)

    Allons-nous accepter le salut ou le refuser? Tout est grâce, alors espérons recevoir la grâce de faire partie de ces fils qui accepteront le salut.
    C'est ça être fils, que diantre ! ;)

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  4. Heureusement que tu n’adhères pas, c’et ton droit le plus strict ! je ne suis pas théologien et n’inscris que des intuitions ou des « compte rendus d’expérience ». Chacun est libre de s’identifier au personnage qu’il veut au Calvaire, il y avait le bon larron, et celui qui ne s’est pas repenti, il y avait aussi les saintes femmes, et le disciple fidèle.
    Pour le reste, je pense sincèrement, tu le sais donc, que l’humanité est figurée par ces deux larrons car ils sont, à mon avis, archétypaux.

    Comme le sont Adam et Eve et ils avaient bel et bien dérobé le fruit défendu.
    Or, c’est Adam et Eve qui auraient dû être fixés au bois de la croix, et ce n’était pas possible car le prix à payer était trop lourd. Dieu a donc payé lui-même ce prix. (il a effacé l'acte dont les ordonnances nous condamnaient et qui subsistait contre nous, et il l'a détruit en le clouant à la croix." Colossiens 2:13.
    Ça c’est un cadeau !
    Ce larron en sa qualité d’homme reçoit gracieusement le pardon, ce ne sont pas ses souffrances de condamné qui le sauvent (car l’autre en éprouve de semblables et ne reçoit pas, semble-t-il le salut), mais le regard d’amour de son Dieu.
    Il n’y a que deux attitudes possibles je crois face au regard d‘amour de Dieu: se repentir ou pas.( Je pense que j’aurais mieux fait de l’écrire ainsi, hier j’ai un peu peiné sur le clavier r).
    Enfin, Dieu ne reproche rien. Sa seule parole est d’amour : aujourd’hui même tu seras en paradis.
    Même pas « Un jour tu seras en paradis »… mais bel et bien « aujourd’hui même tu seras en paradis »
    C’est pas un cadeau librement donné á ce qui acceptent la filiation divine, ça ?
    Bises

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  5. Merci jc
    pour cette adhésion á mes propos parfois fumeux, vlá t-y pas que j'allais supprimer ce billet le trouvant mal écrit et hop, nous voilà en train d'argumenter

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