jeudi 20 août 2009

Episode météo

Cabrojo Rionansa août 2009
Ce matin Seigneur, tout était blanc et tout avait disparu.
De la douce vallée que j’habite seule subsistait, dans une atmosphère irréelle, une ambiance cotonneuse et confortable.
Plus de cimes, plus d’arbres, plus de soleil, rien. Les bruits eux-mêmes s’étaient estompés.
De minuscules nuées de gouttelettes – la brume d’été – s’étaient chargées de cet effacement, assez réussi.
En début d’après-midi le soleil est revenu, puis peu à peu les reliefs se sont réinstallés pour notre joie, la couleur inimitablement verte des montagnes arrosées par tant de siècles de pluie a paru. Tout était lavé, étincelant, radieux.
Ainsi le voile tenu qui nous séparait de la splendeur de la nature s’est-il dissipé et l’évidence de la beauté du monde m’a-t-elle une fois de plus coupé le souffle.
Transposer cet épisode météo sur le plan surnaturel est chose aisée. J’ai été frappé de ce que la liturgie des heures le faisait ce matin, à l’unisson de la nature :

Tel un brouillard qui se déchire
Et laisse émerger une cime,
Ce jour nous découvre, indicible,
Un autre jour, que l'on devine.

Qui imite qui ? La liturgie imite-t-elle le créé ou le créé est-il rendu liturgique par l’expérience de Dieu qu’en font Tes enfants, Seigneur ?
Je sais que la nuée qui nous entoure, faite de matière ténue, périssable, minimale, nous sépare fugitivement du monde réel, celui où Tu te tiens.
Je sais que la rudesse de nos sens ne perçoit presque rien de la beauté de Ton plan, dont nous n’avons que l’intuition jusqu’à ce que les anges aient pitié de nous et pointent pour nous Ton évidence.
Je sais que la bonne nouvelle du Royaume c’est que les boiteux courent, les sourds entendent et que les aveugles voient.
C’est ce qui se passe quand Tu nous saisis !
Nous bondissons alors à ta rencontre éternelle au lieu de ramper dans la fange de nos pauvres instants ;
Nous entendons Tes hymnes dans la Création toute entière ;
Nous Te voyons dans nos frères, là où Tu nous attends depuis toujours.
Viens dans nos cœurs Seigneur, notre Créateur et Père ;
Infuse-nous Ta grâce, mets Toi-même en nous le désir de Te chercher afin que Tu puisses nous trouver.
Épris de Ta beauté, séduits par Ta parole et Ton amour, nous entrerons dans Ton projet et nos brouillards- nos tristesses et nos inutilités- se dissiperont !
Viens Seigneur Jésus !

Les armes du combat :

Matthieu 11:5

Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres.

1 commentaire:

  1. Voilà une bien belle utilisation, à fin de louange, d'un épisode quotidien, fugace et pourtant merveilleux... saisir au bond une impression, un sentiment, un plaisir du jour, minuscule et qui sans cela disparaitrait bien vite de notre souvenir, pour le transformer par la magie du verbe en un billet qui obéit au thème général qu'on a assigné à son blog, toi la prière, moi mes minettes, d'autres la cuisine ou la photo, que sais-je, voilà quel est la grande vertu des blogs. Cela nous rend attentifs, éveillés, et nous nous contraignons, pour ce billet quotidien -ou moins, peu importe- à être toujours vigilants. On vit un peu plus intensément car on est attentif à garder le matériau des impressions fugaces pour le blog du jour.

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