lundi 10 août 2009

De la fuite au pèlerinage

Rubens. Le prophète Elie reçoit d’un ange du pain et de l’eau

Du Premier livre des Rois (1R 19, 4-8)
Le prophète Élie, fuyant l’hostilité de la reine Jézabel, marcha toute une journée dans le désert. Il vint s’asseoir à l’ombre d’un buisson, et demanda la mort en disant : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. »
Puis il s'étendit sous le buisson, et s'endormit. Mais voici qu'un ange le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange ! »
Il regarda, et il y avait près de sa tête un pain cuit sur la braise et une cruche d'eau. Il mangea, il but, et se rendormit.
Une seconde fois, l'ange du Seigneur le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange ! Autrement le chemin serait trop long pour toi. »
Élie se leva, mangea et but. Puis, fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu'à l'Horeb, la montagne de Dieu.


La première lecture de la messe d’hier était d’une telle richesse et ouvrait de telles perspectives de contemplation que je ne peux m’empêcher d’y revenir.
Quelques mots, et tout un programme. Densité du texte sacré du livre des Rois qui raconte une histoire et nourrit l’âme par son exemplarité.
Elie c’est toi, c’est moi, quand nous essayons de faire le bien, d’être transparents à Dieu et de porter son message dans un monde opaque.
Les antagonismes en présence sont clairs, le dénouement est exemplaire. Voyons plutôt les archétypes en présence :
Jézabel, la reine venue de Tyr, l’étrangère en pays d’Israël, représente la tentative de mainmise brutale de ce qui est spirituel et a la vocation à être saint – Israël. Sa volonté de régner sur le monde spirituel et de l’asservir n’aboutit pas mais provoque le découragement d’Elie, le héros.
Comme lui, il nous arrive de nous coucher, sans en pouvoir mais.
« Maintenant, Seigneur, c’en est trop »
Je ne sais pas combien de fois cela t’est arrivé. Moi cela m’arrive sans cesse, ce découragement qui vient du décalage entre les propos et les réalités, entre ce que la chair désire de toute sa force brutale et ce que le pauvre esprit efflanqué ose à peine formuler comme en se cachant : un monde avec Dieu, où la relation avec Dieu serait le seul souci, la grande affaire de la vie, puisqu’une éternité en sa compagnie nous attend.
La réponse de Dieu ne se fait pas attendre, un ange arrive les mains chargées de mets symboliques, qui figurent les sacrements.
De l’eau, qui représente toutes les grâces du baptême.
Du pain, celles de l’Eucharistie. Mais Elie est si affecté par sa lutte avec le monde qu’il lui faut prendre deux fois de ces mets pour pouvoir marcher.
L’ange ne s’impatiente pas. Il sait – et Dieu aussi le sait- que nos forces sont limitées et que notre esprit parfois est lent à comprendre, à admettre, à obéir.
Une deuxième fois Elie se restaure.
Les forces retrouvées, c’est avec un nouvel élan qu’il se remet en route. Et quel élan ! Le plus admirable c’est qu’à présent il ne fuit plus, mais s’en va vers le mont Horeb, vers la Montagne sainte, vers Dieu.
Sa fuite devient pèlerinage. Il n’a plus peur.
Il s’en va vers l’autel de Dieu, qui a refait ses forces, il l’a fait rajeunir comme l’aigle. (Psaume 103:5)
L’aigle qui regarde très haut et fixe le soleil, c’est à dire qui peut voir Dieu, et c’est précisément le propos d’Elie qui se remet en route au long de 40 jours et de 40 nuits selon la symbolique des périodes saintes, complètes, signe des grandes régénérations (les années de voyage vers la Terre Promise, les jours de jeûne de Jésus dans le désert sont également au nombre de 40)
Quelle leçon en ces cinq versets !
Quel programme pour le croyant !
Alors nous qui nous tombons si souvent par terre, (moi, tous les jours, et plusieurs fois par jour) persécutés par le monde et nos passions, sachons que le baptême et la grâce agissent en nous. Et que Dieu répond toujours à la prière.
Les anges ne nous apportent pas le pain au désert, car il est accessible à tous dans la Communion.
Ils ne nous apparaissent pas car Dieu est à présent non seulement sur la Montagne sainte, mais partout depuis que Son Esprit a été répandu à la Croix.
A l’exemple d’Elie, reprenons courage et faisons de nos errances un pèlerinage. Dieu a déjà prévu le moment où il enverrait son ange nous rassasier si nous tombons.
Qu’Il en soit béni.

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