jeudi 19 novembre 2009

Un oiseau mazouté



C’était je crois un Guillemot de Troïl. Un oiseau de mer d’ordinaire farouche aperçu de loin et surtout connu par les planches des livres qui tapissaient ma chambre quand j’avais 20 ans et que la passion de l’ornithologie m’habitait. Mais là il était bien vivant, incongru dans cet enchevêtrement de planches et de cordes rejetées avec la laisse de la nuit. Son aspect était pathétique et mouillé. Oui mouillé, ce qui est tout de même étonnant chez ces oiseaux qui toujours hantent l’eau mais en sont protégés par une combinaison étanche faite de plumes et de secrétions grasses dont ils s’enduisent abondamment. Il y avait dans son apparence un je ne sais quoi d’indifférent à l’homme qui m’alerta. Je m’en approchai il ne s’envola pas : il était mazouté et ne pouvait plus bouger.
Je le pris dans mes mains, m’étonnai de sa légèreté et partis un peu tremblant en quête d’un centre de secours pour oiseaux, ce qui n’est pas chose aisée. L’animal avait était complètement frigorifié, il semblait avoir jeûné au-delà de ses forces et sa maigreur avait quelque chose d’improbable.
Le mazout avait fait de son plumage une masse compacte et répugnante.
Visqueuses et froides, comme une sorte de feutre imbibé d’huile ses plumes le minéralisaient, lui faisaient perdre sa qualité d’animal à sang chaud. Elles étaient devenues ses pires ennemies, il aurait fallu les arracher pour rendre à sa chair un aspect vivant.
Bien sûr aucun centre n’en voulait, après la récente marée noire les capacités d’intervention s’étaient épuisées. Je tentais de le tirer d’affaire tout seul et le mis sous la douche avec du liquide vaisselle plein les plumes. Rien n’y fait, il fallait de toute évidence pour le débarrasser de cette pollution un solvant bien plus efficace que celui que j’avais à la maison.
Entouré dans une serviette l’oiseau fut finalement conduit dans un centre dépendant de la faculté des sciences du musée maritime.
Il fut pris en charge par une personne très sympathique qui l’introduisit dans une sorte de lave-vaisselle dont seule sa tête émergeait. Elle m’en expliqua le fonctionnement et la difficulté, j’en fus étonné.
L’effort pour enlever la crasse chimique tombée sur cet oiseau est considérable et sans cette intervention il était absolument impossible que le guillemot s’en sorte.
Je me souviens en ce moment de cette histoire par analogie, bien sûr. Nous avons du mal à comprendre les affaires de la vie spirituelle, et les comparaisons intelligibles sont les bienvenues. L’oiseau représente nos âmes, le mazout c’est le péché (le mien, le tien, celui du monde).
Le purgatoire c’est la machine qui lave et rend à la vie les pauvres âmes mazoutées, qui peuvent alors reprendre leur essor vers l’infini de Dieu, figuré par l’océan. La seul solvant pour enlever les péchés ce n’est ni le liquide vaisselle, ni un vague repentir, c’est le sang du Christ intégralement versé pour chacun d’entre nous.

Les Armes du combat :

He 9 : 14 combien plus le sang de Christ, qui, par un esprit éternel, s'est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il votre conscience des œuvres mortes, afin que vous serviez le Dieu vivant !


Idée solidaire nº 17 :
Offrir à Dieu le sang du Christ pour les âmes du Purgatoire, selon la formule de la sainte d’Helfta (voir le précédent billet) et particulièrement à la messe pendant l’Offertoire.
- La prière de l’ange enseignée à Fátima :

Très Sainte Trinité,
Père, Fils et Saint-Esprit,
je Vous adore profondément
et je Vous offre le très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ
présent dans tous les tabernacles du monde,
en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences
par lesquels il est Lui-même offensé.
Par les mérites infinis de Son Très Saint-Cœur
et du Cœur Immaculé de Marie,
je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire